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Compte-rendu de la journée du 21 février 2025 à Rivesaltes, Perpignan (66) et vidéo

Compte-rendu de la journée du 21 février 2025 à Rivesaltes.

La journée a débuté par un dépôt de gerbes à la stèle des disparus, effectué par les familles et les différentes autorités présentes.

S'est ensuite tenue la réunion dans les locaux de la mairie de Rivesaltes, en présence notamment de :

- Madame Patricia Miralles ministre délégué aux anciens combattants et au devoir de mémoire,

- Monsieur Thierry Bonnier préfet des Pyrénées-Orientales,

- Monsieur Louis Aliot maire de Perpignan,

- Monsieur André Bascou maire de Rivesaltes,

- Madame Ermeline Malherbe présidente du conseil départemental,

- Madame la directrice de l'ONACVG

- Monsieur Abderahmen Moumen chargé de mission auprès de l'ONACVG,

- les archéologues Messieurs Patrice Georges, Denis Guilbeau, et Bertrand Poissonnier

- Monsieur Pierre Berthet secrétaire général de la préfecture.

Monsieur Abderahmen Moumen a ouvert les débats.

Il a rappelé qu'entre 1962 et 1965 environ 22000 personnes étaient passées par le camp de Rivesaltes, soit une famille sur deux.

146 décès ont été recensés au camp de Rivesaltes pendant cette période. Décès soit naturels, soit liés aux conditions de vie :  froid, traumatisme, déracinement, violences, et même meurtre.

Ce n'est qu'à partir des années 90, début 2000, que la question des lieux d'inhumation apparaît.

En 2014, l'État a mis en place le plan harkis, avec les premières recherches sur les camps et cimetières.

En 2016 est sortie l'étude de l'INRAP avec l'ONACVG.

En 2019 a été inaugurée la stèle des 146 noms.

Il y a eu ensuite une pause à partir de la période covid, jusqu'en 2023 où Madame Miralles a demandé que les recherches archéologiques soient relancées à Rivesaltes.

Le chiffre des 146 décès va certainement évoluer.

Deux cimetières de Perpignan, cimetière du haut Vernet et cimetière de l'Ouest, auraient accueilli respectivement 39 et 32 dépouilles.

Au total 73 familles ont été retrouvées

Monsieur Denis Guilbaud, archéologue, a ensuite pris la parole.

Un travail important de synthétisation des documents et une analyse les photos aériennes sont intervenus.

Au départ, il y avait un doute sur l'existence d'un cimetière harkis dans le camp de Rivesaltes. Cependant, l'étude des archives a démontré que ce cimetière existait. Plusieurs correspondances évoquaient un transfert des tombes, mais sans certitude cependant du transfert effectif de celle-ci.

Diverses hypothèses ont alors été envisagées.

Finalement, un faisceau d'indices ainsi que des photographies aériennes du camp, combinés au fait qu'en 1987 la zone avait manifestement subi une modification, concomitamment à l'hypothèse du transfert des tombes, ont permis une intervention sur le terrain en novembre 2024, dans une zone identifiée où des plaques métalliques avaient de surcroît été repérées.

Monsieur Patrice Georges, 2ème archéologue, a expliqué la manière dont les archéologues étaient arrivés à leurs conclusions. Ils ont utilisé l'approche pluridisciplinaire déjà expérimentée à Saint Maurice l'Ardoise.

C'est ainsi qu'ils ont pu repérer le cimetière du camp. Le mot cimetière signifie ici une succession de fosses, révélées par des creusements du sol.

27 fosses ont ainsi été retrouvées et 17 fouillées.

Il n'y avait plus aucun ossement dans ces fosses, exception faite de deux os isolés trouvés dans l'une d'elles.

Par ailleurs, ces fosses présentaient toutes des traces évidentes d'utilisation d'engins mécaniques, prouvant que les corps avaient été déplacés.

Ont été retrouvés également 19 plaques métalliques, sans nom, mais numérotées de 10 à 71.

Le travail de fouille sur le terrain de l'ancien camp de Rivesaltes s'arrête ici pour les archéologues. Aucune autre fouille ne sera menée, puisque les résultats similaires sur les fosses examinées permettent avec quasi-certitude de penser qu'il en est de même pour toutes les autres fosses localisées. Toutes les tombes ont été recreusés avec des engins mécaniques pour récupérer les corps.

Monsieur Bascou, maire de Rivesaltes est ensuite intervenu.

Suite à la première réunion du 10 décembre 2024 en préfecture où son adjoint le représentait, il a immédiatement lancé les recherches municipales.

Jeune maire depuis 2 ans, il avait été sollicité en 1985 par le président du conseil général ainsi que l'armée, afin de déplacer le cimetière du camp de Rivesaltes au cimetière municipal Saint-Saturnin, en vue d'un transfert de propriété du terrain.

La tâche avait alors été confiée à son adjoint chargé des cimetières. Un document rédigé par ce dernier mentionne qu'au camp de Rivesaltes deux tombes nominatives avec plaques mortuaires avaient été identifiées, ainsi que 7 tombes avec des plaques en zinc numérotées mais non nominatives, et 51 autres "tombes" représentées par des monticules de terre, sans aucune indication.

La mairie avait alors interrogé l'armée sur l'identification de ces 58 tombes. Mais selon un courrier très tardif d'un général d'armée en réponse, il n'y avait rien dans les archives concernant ces tombes non identifiées.

L'exhumation des corps a été effectuée du 15 au 19 septembre 1986, selon un écrit d'un général d'armée.

Monsieur le maire a présenté ses excuses pour ne pas avoir vérifié à l'époque la procédure menée par son adjoint, notamment concernant les deux tombes nominativement identifiées.

Il n'a en effet été retrouvé aucune correspondance de la municipalité avertissant les familles, au moins celles correspondant aux deux tombes nominativement dentifiées

Interrogé à l'effet de savoir qui avait signé l'autorisation de transfert des corps, Monsieur le Maire a répondu que rien n'avait été trouvé dans les archives.

Il a de nouveau présenté ses excuses, et assuré de son émoi lors de l'exhumation intervenue la veille des restes du corps d'une des tombes identifiées au cimetière Saint Saturnin (en vue d'un prélèvement ADN)

Madame la ministre a précisé qu'un arrêté municipal avait dû être obligatoirement signé.

Mais selon Monsieur le Maire, seules des correspondances entre l'armée et la mairie ont été retrouvées.

Pour Monsieur le maire, le cimetière du camp était sous la gestion de l'armée, alors propriétaire du terrain, laquelle avait écrit ne pas disposer de documents sur l'identification des personnes enterrées au camp.

Le terrain ultérieurement est devenu la propriété du conseil général.

Madame la ministre toutefois a réfuté, affirmant qu'il ne s'agissait aucunement d'un cimetière militaire.

Monsieur le Maire a déclaré : "nous savons maintenant précisément que les corps sont inhumés au cimetière Saint-Saturnin" de Rivesaltes.

Il a de nouveau présenté ses excuses pour ne pas avoir à l'époque vérifié la procédure mise en œuvre par son adjoint, et affirmé avoir toujours été aux côtés de la communauté harkie, ce que les associations locales pourraient confirmer.

Monsieur le maire s'est engagé à tout faire pour que des recherches, vraisemblablement ADN corps par corps, qui prendront du temps, puissent être menées afin d'identifier l'appartenance des corps à leur famille.

Il a donné son accord entier pour une plaque mémorielle au cimetière Saint Saturnin, en attente de ces identifications, permettant aux familles de venir se recueillir.

Monsieur Aliot pour sa part a prétendu n'avoir eu connaissance du cimetière harkis du camp qu'en 2012, par deux sœurs filles de harkis.

Il avait appris lors de la dernière réunion que des enfants de harkis décédés à l'hôpital de Perpignan étaient enterrés au cimetière ouest et au cimetière du haut Vernet de Perpignan (39 et 32), outre 9 tombes dont on ne savait pas où elles de trouvaient.

Une commission municipale a été immédiatement formée, et il s'est engagé à rendre publiques les tombes au fur et à mesure qu'elles seront découvertes.

Madame la ministre a déclaré que toute la lumière devait être faite sur cette affaire, et qu'un livret réunissant tous les documents qui y sont relatifs serait remis à toutes les familles.

Les familles sont intervenues pendant cette réunion : Jamila Attout, Marie Gougache, Rachid Mazouz, Ali Amrane, Naïma Gimenez, Madame Khemaissia, Saadia Kachni, Ghalia Thami.

Elles ont interpelé le maire de Rivesaltes ainsi que la ministre sur les documents administratifs à ce jour non communiqués par la municipalité et la préfecture, comme sur l'identité de l'auteur de la décision prise d'exhumer tous les corps enterrés au camp Joffre.

Elles ont déploré le temps infini mis à apporter un début de réponse. D'autres ont aussi remercié le travail accompli par les différentes administrations, qui participe au travail de deuil et de résilience.

Toutes les familles attendent qu'on leur dise précisément où sont les corps dans le cimetière de Rivesaltes.

Un déplacement a ensuite été effectué sur le terrain, à l'endroit où le cimetière du camp a été retrouvé, en présence des familles et des autorités.

Des compléments d'informations ont été fournis par les archéologues, avec photos a l'appui.

Un moment de recueillement a été aménagé.

Retour pour terminer dans les locaux de la mairie de Rivesaltes, pour une collation et poursuite des échanges.

En aparté, Monsieur le Maire a confié qu'à son avis, mais cela reste à vérifier, une partie des corps se trouverait dans la fosse commune, et une autre partie dans des ossuaires en zinc, au cimetière de Saint Saturnin.

Pour les familles, beaucoup de zones d'ombre encore. Certaines entreprendront des actions en justice.

Madame Jamila Attout a déjà déposé plainte contre x le 20 février, suite a l'exhumation du corps de son oncle dans le cadre d'un prélèvement ADN, et saisi le Procureur.

Une prochaine réunion est prévue fin avril, avec remise du rapport définitif des archéologues.

Ali Amrane Membre du collectif des familles de Rivesaltes

- Vidéo de 2'18" -

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J
MON COUP DE GUEULE !<br /> <br /> Toutes mes pensées vont d'abord vers les Familles des enfants disparus du Camp de Rivesaltes, auxquelles j'associe celles précédemment éprouvées par les mêmes circonstances au Camp de Saint-Maurice l’Ardoise.<br /> <br /> Bien que l'issue de cette difficile épreuve semble bien amorcée, dans le cadre des dernières rencontres avec les autorités locales et de l'Etat. <br /> <br /> Cette épreuve est encore loin de son règlement, malgré son contexte national ; pas moins de 44 associations pour la plupart regionales ou locales ont quand même soutenu moralement, parfois activement ce combat de longue date.<br /> <br /> Malgré leurs faibles moyens, ces associations ont démontré que "c'est dans les difficultés que l'on teste l'unité et dans l'épreuve que l'on reconnaît véritablement les siens", comme ont su le faire ces familles unies par les conséquences de cette tragédie. <br /> <br /> Merci donc , et respect à la réactivité de ce nombre d'associations aussi minimes soient-elles, pour une fois bien loin des querelles intestines et des chikahas ! <br /> <br /> 44 associations qui ont su au-delà de leurs diversités et de leurs différences faire bloc pour soutenir une action d'intérêt national au nom de la Mémoire de nos Morts.<br /> <br /> C'est un combat pour le respect et dignité de tous les notres, sans exclusion, loin des dossiers de réparation, des subtilités, des divergences et des égos source de division ...<br /> <br /> Ce nombre est à la fois minime vu la complexité de cet événement dramatique ; mais il est à la fois important pour permettre à chacun d'entre-nous d'en tirer les leçons, afin que nous puissions assumer les conséquences. <br /> <br /> Ce drame nous permet aussi de faire un premier bilan au sein de notre groupe social, qui dénombre selon les statistiques plusieurs centaines d’associations, dont la plupart, sont plus près de leurs droits que de leurs devoirs. <br /> <br /> Malheureusement, les réseaux sociaux étant ce qu'ils sont, des lieux de batailles, et ne permettent pas toujours de favoriser la communication et l'information autour de sujets aussi importants que celui de nos disparus...<br /> <br /> Ce sera mon coup de gueule pour clôturer mes propos, en espérant que nos familles touchées par ce drame, puissent retrouver dignité et apaisement, pour faire enfin leur deuil !<br /> Fraternellement, bien à vous.<br /> Jean Pierre Behar
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