23 Juin 2025
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André Azni, ses soutiens et son avocat plutôt confiants à la sortie de l’audience, ont posé pour une photo souvenir. © Crédit photo : J.P
Militant de la cause harkie, le Villeneuvois André Azni comparaissait ce jeudi devant le tribunal de proximité pour avoir outragé Olivier Damaisin et sa suppléante Farah Hamidani durant la campagne des législatives 2022
Le « vote harki » a un coût. André Azni a voulu le faire payer à l’ancien député Olivier Damaisin et sa suppléante Farah Hamidani. Convaincu par les promesses du candidat Macron de régler en six mois la question de l’indemnisation des membres de la communauté ayant connu la vie dans les camps, il s’était engagé derrière eux en 2017. Le duo l’a emporté.
« Il y a ici une population assez forte de fils et filles de harkis. Nous avons le petit pouvoir de faire basculer une élection », clame à la barre du tribunal de proximité de Villeneuve-sur-Lot le président de l’association les Harkis et leurs amis. Jeudi 19 juin, il comparaissait pour outrages à personne chargée d’une mission de service public en récidive à l’endroit de ceux qu’il a soutenus et contre lesquels il s’est retourné, cinq ans plus tard.
.Suivie et filmée durant 6 minutes
André Azni se sent « à nouveau trahi par l’État français et ses représentants ». Les indemnisations promises ont été votées, mais ne sont pas à la hauteur selon lui. Il retourne sa veste et épouse la cause du Rassemblement national. Son courroux se tourne vers le duo, candidat à sa réélection.
En janvier 2022, l’actuel collaborateur du maire de Perpignan, Louis Alliot, avait placardé la vitrine d’un restaurant de la bastide de pancartes sur lesquelles Olivier Damaisin était présenté comme un « Guignol de Macron » et appelé à la démission. Une plainte avait suivi. Idem en mai, lors d’une cérémonie au monument aux morts de Sainte-Livrade-sur-Lot organisée dans le cadre de la Journée nationale de la Résistance. Farah Hamidani représente le député. C’est jour de marché.
« Des faits représentatifs du climat de violence et de l’insécurité qui pèsent sur les élus »
« Durant six minutes », comme l’a rappelé Me Delbrel, André Azni, dont le casier judiciaire comporte déjà 15 mentions, filme et suit la suppléante qu’il finit par insulter en arabe. La traduction retient « sale », « saleté ». Pas « salope ». « Des faits représentatifs du climat de violence et de l’insécurité qui pèsent sur les élus », estime Me Delbrel, avocat de la partie civile Farah Hamidani, absente comme Olivier Damaisin, même pas représenté.
Le précédent Jean-Louis Costes
« Les faits sont simples, les propos reconnus. Le dossier pose la question de la liberté d’expression, cadre la représentante du ministère public, Amane Gogorza. Le caractère outrageant ne fait pas de doute, l’intentionnalité non plus. » Face à l‘agressivité avec laquelle ils ont été tenus et le casier de celui qui les a prononcés, 750 euros d’amendes sont requis.
Avocat de la défense, Me Laurent Bruneau met en avant une question de principe : « On ne touche pas au droit fondamental de la liberté d’expression. » Saisi par la CGT il y a dix ans quand le député-maire de Fumel avait traité « d’alcooliques » et de « voyous » les métallos de l’usine proche de la fermeture, il en avait fait l’amère expérience. Dans le contexte d’un débat d’intérêt général, ces propos bien que diffamatoires n’avaient donné lieu à aucune condamnation, en première instance comme en appel.
Pour Me Bruneau, la campagne électorale de 2022 offre ce même cadre de débat d’intérêt général. Son client doit donc être relaxé, au titre de la liberté d’expression. Le délibéré sera rendu le 16 octobre.
19/06/2025
https://www.harkisdordogne.com/
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