26 Septembre 2013
Les parlementaires cherchent à débloquer la situation du représentant des harkis
« On lui a fait des propositions. Nous le laissons réfléchir maintenant », indiquent les services du préfet. (photo thierry-daniel vidal)
Téléphone collé à l’oreille, il déambule entre les arbres qui supportent des banderoles hostiles au gouvernement, tandis que ses soutiens profitent d’une collation sous ce bivouac de fortune dressé depuis plus d’une semaine devant les grilles de la préfecture d’Agen. Boaza Gasmi ne se nourrit plus que de paroles et d’entretiens. Transgressant parfois les règles strictes de son jeûne par un simple verre d’eau. À 60 ans, le président du Comité national de liaison des harkis attend un signe de l’Élysée. Ou plutôt un rendez-vous. Pour obtenir du chef de l’état la reconnaissance, comme il s’y est engagé, des responsabilités de la France envers sa communauté.
Une impasse pour Lousteau
« Les services de la présidence lui ont proposé un rendez-vous avec Kader Arif pour aujourd’hui. Le ministre délégué aux Anciens combattants, qui a déjà fait beaucoup, veut évoquer avec Boaza Gasmi la création d’un comité de suivi, qui se réunirait tous les trimestres. Cela constituerait un bon compromis de sortie de crise, et le dialogue ne pourra reprendre qu’à cette condition-là - le président ne peut recevoir toutes les associations de défense. Mais cette proposition ne le satisfait pas. Par conséquent, tout semble réuni pour aboutir à une impasse », dresse Lucette Lousteau, députée PS de la première circonscription de Lot-et-Garonne.
Une impasse dont il va falloir quand même sortir rapidement. Sous peine de voir la santé d’un homme se dégrader irrémédiablement. Boaza Gasmi est ausculté régulièrement par un médecin qui ne peut que constater une chute de tension proportionnelle à la baisse de sa courbe de poids, sans entamer le propos de celui qui, lundi, dénonçait « une discrimination, un apartheid… »
Les questions de Costes
Une comparaison reformulée avec moins de violence par Jean-Louis Costes. « Comme Boaza Gasmi, je me demande pourquoi le président Hollande vient de recevoir une chômeuse qui l’avait interpellé en Bretagne et refuse de s’entretenir avec les harkis et leurs enfants, alors qu’il avait pris un certain nombre d’engagements sur la reconnaissance des massacres et des mauvaises conditions d’accueil. Le gouvernement a aussi commis une erreur en décidant de supprimer la Mission interministérielle aux rapatriés… »
Deux thèmes sur lesquels le député de la troisième circonscription a prévu de questionner le gouvernement par écrit ce mercredi, à l’assemblée nationale.
Au-delà de la justesse des revendications du gréviste, se pose également le problème de l’occupation de l’espace public et de la tendance des pouvoirs publics à laisser la situation péricliter. Jusqu’où laissera-t-on Boaza Gasmi se malmener ?
« Il est grand temps que l’état français reconnaisse ses responsabilités envers les harkis, estime Jean Dionis du Séjour. J’y suis favorable. Les revendications de Boaza Gasmi sont légitimes. Nicolas Sarkozy avait, lui aussi, dit qu’il s’engagerait dans cette voie, avant de se rétracter. François Hollande a raté l’occasion de le faire lors de son voyage en Algérie. Il n’a pas été à la hauteur. J’ai du respect pour Boaza. La grève de la faim demande des efforts surhumains. J’irai le voir jeudi, et je ferai tout pour que ça se passe bien… »
Le cas du chef au ventre vide Gasmi sera certainement évoqué aujourd’hui à Bias, où sera commémorée la Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives. Sans lui…
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l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins , et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux