3 Février 2020
Denise Bourgois se plongeait régulièrement dans ses « années harkies ».
Ancienne assistante sociale du camp de harkis de Bias, Denise Bourgois vient de nous quitter. Elle allait entrer dans sa 95e année, un bel âge qui la maintenait toujours vive et curieuse du monde qui l’entourait, avec un attachement jamais démenti pour toutes choses qui touchaient à l’Afrique du Nord, plus particulièrement à l’Algérie, "son" Algérie.
Denise s’est éteinte le 23 janvier auprès des siens, à Pont-du-Casse, dans son petit logis qu’elle avait baptisé "Darna", traduction arabe de "ma maison". La nouvelle a ému dans toutes ces parties du département qu’elle avait marquées de son empreinte tant par son activité professionnelle que les fortes amitiés qu’elle y avait liées : Bias et le Villeneuvois, bien sûr, mais aussi la région du Haut-Agenais et, donc, Pont-du-Casse où elle s’était installée.
Les Français d’Indochine avant les rapatriés d’Algérie
Après avoir vécu et travaillé en Algérie et au Maroc avec son époux, cette native d’Alger a rejoint le Lot-et-Garonne au début des années "60", où elle mettra rapidement ses compétences et son expérience du travail social au service des populations qui demandaient alors le plus de soutien. Elle intégra ainsi le Centre d’Accueil des Français d’Indochine (CAFI) de Sainte-Livrade avant d’œuvrer durant onze ans, de 1963 à 1974, au Centre d’Accueil des Rapatriés d’Algérie (CARA), le fameux camp de Bias.
Mais bien au-delà de son engagement professionnel, Denise avait l’Algérie et donc les Algériens au cœur, à commencer par ces harkis et leurs descendants qu’elle continua, pour certains, à accompagner jusqu’à des décennies plus tard. Cela, tout en bravant certaines manifestations d’hostilité dont elle a été parfois l’objet, tous ne partageant pas sa vision positive de l’accompagnement mis en place à l’époque à l’intérieur du "camp". Se battant pour la cause de sa vie jusqu’à son crépuscule, c’est encore elle qui, il y a trois ans à peine, impulsa l’opération de réhabilitation des tombes à l’abandon des "harkis oubliés" du cimetière de Bias, opération par la suite menée à bien par le Souvenir français et la municipalité locale.
Sept enfants, "quatre sur Terre, trois au Ciel"…
La vie débordante d’amour de cette grande dame a été traversée par les épreuves, perdant dans des conditions parfois tragiques et à leur plus jeune âge trois de ses enfants. Destin qu’elle résumait, habitée d’une foi profonde puisée notamment - on en revient à l’Algérie, toujours ! - dans l’exemple de vie de Charles de Foucauld, l’ermite du Hoggar : "J’ai sept enfants, quatre sur Terre, trois au Ciel"…
C’est une véritable Samaritaine, "la Samaritaine de la casbah" comme la surnomma joliment un jour un journaliste lot-et-garonnais, qui repose aujourd’hui dans le petit cimetière de La Sauvetat-sur-Lède, auprès de l’une de ses enfants. Une femme qui secourait les cœurs des oubliés, une grande d’âme.
02/02/2020
Interview de Md Denise Bourgois en 8 vidéos
du 21 novembre 2014 à Pont du Casse (47)
Md Denise Bourgois , fut assistante sociale durant dix ans au camp de Bias, de 1964-1974 : de Laurence Perperot , des Archives Départementales de la Dordogne - Images Vidéo, Harkis Dordogne.
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