28 Septembre 2024
Une femme de harki dépose des fleurs en son honneur © Crédit photo : C. D.
Les familles des harkis leur ont rendu hommage devant la stèle de Bias, ce 25 septembre, aux côtés d’élus et du sous-préfet. Si la rancœur n’est pas unanime, tous réclament que la France se souvienne
« L’Histoire se réveille », a-t-on pu entendre parmi la centaine de personnes réunies à Bias, devant la stèle érigée à la mémoire des harkis, ce 25 septembre. À l’occasion de la journée nationale d’hommage à ces Algériens engagés aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, leurs proches, le sous-préfet et les élus ont participé à la cérémonie.
Comme Martin Luther King, j’ai fait un rêve. Le mien, je ne le vois pas se réaliser.
Sous les drapeaux tricolores, dans un silence plein de griefs et d’espoir, Michel Mekhalfi, président de l’association Mémoire Harkis du camp de Bias, fut le premier à prendre la parole. Le micro a circulé entre les mains de Larbi Bouzaboun, représentant de l’association Harkis et leurs amis ; de Mohamed Badi, porte-parole du Comité national de liaison des Harkis ; et du sous-préfet de Villeneuve-sur-Lot, Arnaud Bourda.
La déception de Mohamed Badi était palpable. « Comme Martin Luther King, j’ai fait un rêve. Le mien, je ne le vois pas se réaliser », soupirait-il, en référence au projet d’un bâtiment mémoriel n’aboutissant pas ainsi qu’aux « lois discriminatoires ». Arnaud Bourda soulignait quant à lui « la capacité de la nation à demander pardon ».
Une mémoire réparatrice
Pour Fittou Saddiki, descendante de harkis, cette journée est cruciale. « Sans le 25, on nous aurait oubliés depuis longtemps. » Salah, lui, est venu de Lyon en mémoire de ses parents. Quand il arrive au camp de Bias en 1974, il a 7 ans. « On pourrait dire que c’est une vieille histoire, mais non, elle est toujours présente. » Néanmoins, le côté revendicatif ne l’intéresse plus. “Pourquoi ajouter de la misère à la misère ? »
Pour les victimes, la réparation doit passer par le souvenir. L’une d’elles déplore que les harkis soient exclus des manuels scolaires. « Certains Français ne connaissent même pas ce mot ! » Avec son association, Michel Mekhalfi œuvre également à l’élaboration d’un lieu mémoriel qui accueillerait notamment les scolaires, dans l’espoir d’empêcher l’Histoire de tomber l’oubli. “On condamne une nouvelle fois la dégradation [dans la nuit du 16 au 17 septembre, la stèle a été aspergée d’huile de vidange, NDLR] qui est une atteinte à la mémoire de nos parents et remercie la municipalité de sa réactivité.”
26/09/2024
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