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Mohammed Bouihi, dernier harki de Rosans (05)

Mohammed Bouihi est le dernier harki du village de Rosans. On le voit ici arborer fièrement le diplôme de sa médaille militaire.  Photo GL/Gérald LUCAS

Au début de l’année 1964, le village de Rosans accueillait vingt-huit familles de harkis. Raymond Hugues devenait ainsi le seul maire de France à faire la demande pour recevoir “ces réfugiés” (terme employé par le général de Gaulle le 25 juillet 1962). Une preuve d’humanisme et l’occasion de repeupler un village. À l’heure où la secrétaire d’État Geneviève Darrieussecq remet les résultats d’un nouveau rapport sur les harkis, nous sommes retournés dans le village des Baronnies provençales pour nous replonger dans cette période qui a marqué son histoire.

Du camp aux HLM du Suquet

Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un harki dans le petit village des Baronnies provençales. Il y a longtemps qu’il a quitté le camp dans lequel il a été accueilli, lui et sa famille. Il habite au Suquet, sur les hauts du village, des logements HLM construits pour permettre aux familles de harkis d’accéder à la propriété. Le quartier n’est pas très loin du cimetière devant lequel il s’assoit souvent, sur une chaise, posée sur la bute qui domine cette dernière demeure qui semble ne faire aucune différence entre les peuples. Les tombent musulmanes côtoient les tombes chrétiennes, un lieu qui, dans le silence des croix et des croissants, fait la part belle à la paix.

L’Elzéard Bouffier de Rosans

À Rosans, tout le monde connaît Mohammed Bouihi. On pourrait presque le surnommer *l’“Elzéard Bouffier” du village, le héros de “L’homme qui plantait des arbres”, la nouvelle de Giono, tant il en a planté, des arbres, Mohammed Bouihi, dans les forêts du Rosanais, du Laragnais et même du Gapençais. Car, comme nombre de harkis, il a été au service de l’ONF pour planter et entretenir les forêts.

Il est arrivé avec sa famille à Rosans en 1974, après avoir vécu dans plusieurs villes et notamment à Nice. Ils seront logés dans “Le camp”, comme on l’appelle ici, transformé aujourd’hui en centre de vacances, (le centre Paul Bert). Et ce jusqu’en 1978, date à laquelle l’ensemble des familles harkis seront relogées au Suquet.

À 78 ans, il vit seul dans son pavillon. À peine évoquée l’époque de son arrivée, on sent l’émotion intacte. Mais Rosans est son village, même si, derrière les mots, perce la nostalgie d’une époque.

02/08/2018

***

* Elzéard Bouffier (1858-1947) est le personnage de fiction principal de la nouvelle L'Homme qui plantait des arbres, écrite par Jean Giono en 1953.

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