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Montpellier:une maison squattée sur fond de colère de la communauté harkie

Ce lundi 4 mars, une banderole trône sur la maison.

Une villa du quartier la Rauze à Montpellier où habitent de nombreux harkis est occupée depuis une semaine par une famille qui revendique les droits de la communauté et dénonce les décisions de ACM Habitat.

Depuis une semaine, une villa du quartier de la Rauze, rue Rogier-de-Mirepoix est squattée par une famille de harkis qui réclame l'attribution de cette maison à une femme de la famille. Elle vit seule avec sa fille actuellement à Tournezy dans un logement social mais souhaitait déménager pour fuir vandalismes et cambriolages, mais surtout revenir dans le quartier de ses "racines". Plus près de son père qui vit dans un périmètre de petites maisons, historiquement et progressivement peuplé par ceux qui ont choisi de se battre pour la France pendant la guerre d'Algérie. Une politique publique impulsée par l'ancien maire de Montpellier Georges Frêche.

Stupéfaction et colère

Ce lundi 4 mars, une banderole a été déroulée depuis le toit avec cette inscription

"ACM, honte, déception = corruption". La jeune femme et quelques proches sont assis sur un canapé à l'intérieur du garage. Un représentant d'ACM Habitat essaie d'obtenir leur départ. Et des vigiles sont postés à l'extérieur de la villa.

Tout a démarré il y a quelques semaines avec la décès de la locataire du pavillon, situé en bordure de la zone la Rauze 2 (historiquement réservée aux harkis). La famille Ameur à laquelle appartient la jeune femme, demandeuse de ce logement du parc social ACM,  soumis à attribution par la commission, ayant appris la nouvelle s'est présenté dit-elle à plusieurs agences ACM pour déposer un dossier. "ACM ne savait pas qu'il y avait eu ce décès", indique Moussa, un membre de sa famille, présent ce lundi sur les lieux. Ils découvrent alors que le logement a été attribué en commission le 26 février dernier à un salarié d'ACM.

C'est la stupéfaction et la colère. Déjà ravivée au sein de la communauté harkie nationale depuis la signature le 28 décembre d'un décret du président Macron promettant une aide unique de solidarité, bien loin des attentes des concernés.

Le mot harki est devenu une insulte

C'est ce que rappelle Benghaloua Madani, secrétaire général d'une nouvelle association de défense de la mémoire des harkis, baptisée "Pour ne pas oublier", créée à Montpellier, était présente aux côtés de cette famille, et soutient cette "réquisition". "On nous a fait des promesses avant l'élection, Macron a pris 56 mesurettes financées à hauteur de 10 millions d'euros par an sur quatre ans. ça fait 20 ou 30€ chacun! On ne mendie pas. On est révoltés, c'est inadmissible. Nous ce qu'on veut c'est pas de l'argent c'est du travail".

Et Moussa d'appuyer la démonstration : "Il y a par exemple des emplois réservés pour les harkis qui sont prévus. Mais ils ne sont pas respectés, il y a toujours un critère qu'on ne remplit pas donc ce n'est pas accessible". Et de dénoncer la situation d'abandon globale. Des anciens combattants et de leurs descendants. "Le mot harki est devenu une insulte. On est obligés de se battre. On a cette étiquette, mais l'Etat doit prendre des mesures sérieuses et valables, pour qu'enfin on en parle plus, que dans 20 ans on en parle plus".

ACM Habitat dénonce "des méthodes de voyou"

Le directeur général du bailleur social ACM Habitat dénonce des "méthodes de voyou" employées par les occupants. "Ils essaient de s'approprier cette maison, située sur la Rauze 2, qui n'est pas réservée aux harkis". La villa dit-il a été attribuée en commission le 26 février "un mois après le décès du locataire" et dit-il le même jour où la jeune mère harkie a déposé sa demande.

Il évoque des menaces de mort contre des voisins le week-end dernier après une tentative de se brancher sur un compteur.

Stéphane Boubennec indique qu'il a tenté de régler le problème de manière "pacifique". "J'ai reçu le père de la jeune femme mercredi dernier. Je lui ai dit que ce n'était pas des méthodes. On s'est engagé à étudier le cas de sa fille pour donner satisfaction le plus rapidement possible. J'ai dit aussi que nous allions examiner les actes de vandalisme que dit avoir signalés la demandeuse dans son logement actuel. Mais j'ai dit aussi que ACM ne cèdera pas à la force et à l'intimidation sinon c'est la porte ouverte à n'importe quoi". Il indique que ACM Habitat travaille à une solution de relogement mais que c'est la commission d'attribution qui décidera. Quant à l'affectation de la maison de la rue Rogier-de-Mirepoix à une de leurs salariés, le directeur général indique que "cette dame travaille depuis 20 ans chez nous, elle est syndiquée et n'avait jamais été logée dans notre parc". Elle l'était jusqu'ici par un autre bailleur social. 

En attendant, ACM Habitat a fait gardienner la villa par des vigiles. Stéphane Boubennenc a fait appel à la force publique dans le cadre d'une procédure de flagrance pour expulsion des occupants.

HÉLÈNE AMIRAUX

04/03/2019

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