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Canteleu : après quarante ans de combat, un fils de harki obtient réparation

Justice. Supplétifs de l’armée française, maltraités de l’État français, les harkis et leurs enfants se rebiffent. Un Cantilien a eu gain de cause.

" Je suis fier de mes quarante de combat , fier de mon père, fier de mes enfants " , martèle Mostefa Remadna venu en Normandie en 1976

Une ligne de fracture qui traverse les anciens combattants, qui divise les Algériens, qui alimente encore les ressentiments nationaux : quel sort l’État français a-t-il réservé aux harkis ? À l’époque citoyens français, traités de traîtres ensuite par des franges nationalistes, ce sont des soldats qui ont aidé les troupes métropolitaines lors de la guerre d’Algérie. La mémoire commence de s’effacer et pourtant il reste des survivants, des victimes, qui réclament justice.

Tout récemment, le 18 décembre, le tribunal administratif de Rouen, a reconnu que les conditions indignes faites aux harkis et à leurs descendants valaient une indemnisation. C’est la vie de Mostefa Remadna, Cantilien aujourd’hui, qui a été jugée.

Un combat de 40 ans

Et quelle vie... Né en 1959, Mostefa Remadna a un père, Mohamed, engagé auprès de l’armée française en 1955. En 1963, ce dernier est prisonnier de l’Armée de Libération Nationale (ALN) avant d’être libéré, confié aux autorités françaises avec son fils et expédié en métropole. Plus qu’une désillusion, une trahison, vu les conditions d’accueil.

 

« On est arrivés au camp de Saint-Maurice-l’Ardoise avec des centaines de familles. Vu l’histoire de mon père, nous n’aurions pas dû y avoir été dirigés. Avec les camps de Mirande et de Zonza, on y a passé douze ans. Quand je suis arrivé, j’ai été livré à moi-même. Je n’avais que 5 ans. Ensuite, l’État ne nous a offert aucun secours ».

 

Les yeux se mouillent, la voix se voile, quand Mostefa Remadna évoque la sortie des camps en 1976, la mort du père dix mois après, le fait d’avoir assumé si jeune les responsabilités de chef d’une famille nombreuse. « Je me suis débrouillé seul, j’ai fait une dizaine de boulots, plus dangereux les uns que les autres, pour m’en sortir, pour que mes enfants, qui ont tous fait des études supérieures, s’en sortent mieux que moi. »

 

Alors, forcément, quand le tribunal administratif a condamné, le 18 décembre dernier, l’État à 15 000 € de dommages et intérêts pour cette enfance perdue, cette adolescence angoissée, cette vie d’adulte toujours tournée, depuis 40 ans, vers le sentiment de justice, Mostefa Remadna est content, remercie le tribunal, « sa décision courageuse », salue sa famille qui l’a soutenu, décline la fierté de ses origines berbères, mais juge à son tour. «L’indemnisation n’est pas à la hauteur des préjudices subis », souligne-t-il en parlant de camps de prisonniers clos par des barbelés, de la « trahison » de cette « terre promise » dérobée à son enfance, même si l’ancien enfant de soldat souligne l’honneur de ces officiers et sous-officiers qui ,au péril de leur vie, ont exfiltré les harkis d’Algérie.

Manifestations à Paris en 1965 pour l'indemnisation des harkis, dont certains étaient détenus, ainsi que leurs enfants

La jurisprudence du Conseil d’État

En quelques mois, depuis octobre dernier, la jurisprudence s’est inversée concernant les harkis et leurs descendants.

Un coup de tonnerre dans la communauté quand, le 3 octobre dernier, le fils d’un harki fait condamner l’État (15 000 € de préjudice) pour « les conditions de vie indignes dans lesquelles les harkis ont été accueillis pour leur retour dans l’Hexagone, après l’indépendance de l’Algérie ».

C’est sur ce même motif, même si Mostefa Remadna a réclamé 1,5 M€ et n’en a obtenu qu’un centième, que le fils de harki cantilien a obtenu la condamnation de l’État. « Je remercie mes avocats mais je vais continuer le combat. »

Les préjudices sont en effet extrêmes : perte de chances scolaires, handicaps liés au traumatisme de cette incarcération qui ne disait pas son nom, « une vie gâchée », résume Mostefa Remadna, même s’il s’éclaire quand on évoque ses trois enfants.

« Nous étions des Français, nous le sommes toujours, rapatriés des territoires d’outre-mer. On, aurait dû avoir les mêmes droits que les pieds-noirs, on ne les a pas eus. »

17/01/2019

*******

Courrier de Hacène ARFI Président de la Coordination Harka à Mostefa Remadna

Pour télécharger la Plainte de

 Saint-Maurice-L'Ardoise

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Commenter cet article
1
je suis arrive en 1962 j ai vecu dans le camp de rivesalte et le camp de bias les souffrances sont toujours la desole de le dire mais je trouve que tout sa c vraiment bizarre et ce monsieur a quel age il avait porter plainte mineur j ai du mal a le croire
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M
bjr est prk tout les autres enfants de harkis dans la meme situation aujjourd hui ne sont pas dedomager ons as les memes souffrances ils faut etre solidaire pas indivialiste
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