21 Mars 2019
L'État propose une aide aux enfants des personnels supplétifs de l'armée française. Pour un de leurs représentants, il manque la reconnaissance officielle des préjudices subis.
Farid Moussaoui, président de Mémoires des Harkis, veut que l’État français reconnaisse officiellement les préjudices subis. ©La Dépêche de Louviers / TG
« Une mesurette. » Pour Farid Moussaoui, président de l’association euroise Mémoires des Harkis, le dispositif d’aide est insuffisant. « Toutes les associations de harkis le rejettent », assure-t-il.
Voici quelques mois, le président de la République a proposé d’aider les enfants de harkis et autres membres des forces supplétives de l’armée française en Algérie, en compensation des « conséquences économiques et sociales » de leurs passages dans les camps et les hameaux de forestage (entre 1962 et 1975).
Très jeune, à 4 ans, j’ai vécu avec ma famille au camp de Bias (Lot-et-Garonne), dans le Larzac. C’était un des plus grands camps, devenu aujourd’hui un mémorial », raconte Farid Moussaoui.
Dans des camps et des hameaux
Les harkis ont vécu dans des tentes, dans ces camps du sud de la France. Leurs conditions de vie étaient très strictes :
On avait un couvre-feu, il fallait demander l’autorisation de sortir. On nous coupait l’électricité à 22 h… Enfants, on n’avait pas d’école. L’échec, scolaire surtout, commençait à partir de là. Comment pouvait-on évoluer ?
D’où l’objectif affiché par l’État de proposer cette aide financière aux enfants de harkis, du 1er janvier 2019 jusqu’au 31 décembre 2022, pour leur « permettre une intégration pleine et entière ».
L’enveloppe financière s’élève à 7 millions d’euros par an, pour des dépenses liées à la santé, l’insertion professionnelle, la formation, le logement…
Chaque personne ne peut être aidée qu’une seule fois, en un seul versement, suivant plusieurs critères : justifier d’une résidence stable et effective en France, d’un séjour d’au moins 90 jours dans un camp ou hameau de forestage…
Pour les services de l’État, le dispositif permettra de traiter les demandes avec efficacité et rapidité.
Selon Farid Moussaoui, certaines étapes ont été négligées. Le président de Mémoires des Harkis se souvient du geste de Jacques Chirac, en 2001, mettant en place la journée de reconnaissance, pour laquelle Louviers a figuré parmi les villes pilotes.
Nous voulons que le chef de l’État reconnaisse officiellement le préjudice subi par les harkis. Nous avons fait 56 propositions, surtout sur le côté mémoriel. Pour nous, c’est important. Mais elles n’ont pas été retenues. Pourtant, j’entends encore dire : « Les harkis c’est des traîtres. »
Perte d’identité
« Les anciens disparaissent et les jeunes ne se retrouvent plus, ils perdent leur identité », poursuit Farid Moussaoui. Celui-ci se félicite néanmoins de certaines avancées : l’Eure a scellé cinq plaques commémoratives (deux à Louviers, les trois autres à Val-de-Reuil, Pîtres et Évreux) ; à Louviers, avec le soutien de la Ville, une rue des harkis devrait voir le jour et le carré musulman devrait s’étendre au cimetière…
À quelques jours des commémorations du 25 mars, auxquelles les harkis accepteront de participer (pas à celles du 19), Farid Moussaoui espère un jour tourner la page et que « ces associations n’existent plus ».
Pour cela, assure-t-il :
Il faut que les enfants de harkis aient leur place, un emploi, une formation, un droit à la justice, un logement…
Ce que le dispositif d’aide essaie de combler a minima.
14/03/2019
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