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Série : Clermont secret. Quand la guerre d'Algérie se poursuivait à Clermont-Ferrand

Une des tentes du camp harki de 1962 avec un officier de gendarmerie et un soldat du 92 RI.

C’est une page sombre de l’après guerre d’Algérie. Entre Harkis et FLN, la guerre a continué… dans les rues de Clermont-Ferrand.

La guerre d'Algérie ne s'est pas arrêtée le 16 mars 1962 avec la signature des accords d'Evian. Elle s'est poursuivie, entre Algériens, quelques années encore, des deux côtés de la méditerranée.

En Algérie, on estime entre 100.000 et 150.000 les Harkis victimes de la répression du nouveau régime. La France, qui n'entendait pas grossir outre mesure le flot des réfugiés pieds noirs, avait préféré les laisser sur place.

Entre le 23 juin et le 25 septembre 1962, 5.000 harkis Bourg-Lastic

Elle en accueillit néanmoins 42.500 que l'on entassa dans des camps, comme celui de Bourg-Lastic. Entre le 23 juin et le 25 septembre 1962, l’arrivée de 5.000 harkis perturba quelque peu la vie du petit village de 1.300 habitants.

Mais c'est à Clermont, où vivaient de nombreux membres du FLN, que l'on enregistra les affrontements les plus sanglants, qui débutèrent le 2 juillet quand un groupe de Harkis à la recherche de prostituées se fait piéger et emmener dans un bar de la place du Mazet qui était... le PC du FLN.

Il ne durent leur salut qu'au passage inopiné de deux militaires qui prirent leur défense et les ramenèrent affolés à Bourg-Lastic.

« Bureau » du FLN et « cotisation »

Le 23 juillet, deux autres Harkis travaillant à la Halle au cuir sont accostés place Gaillard par un Algérien qui les emmène au "bureau du FLN" pour leur extorquer une cotisation. Ils réussissent à s'échapper in extremis... et ne se présenteront plus jamais à leur travail.

Le 30 juillet, la police fait état d'une famille de Harkis prise à partie à plusieurs reprises à l'hôpital de Clermont par la police du FLN utilisant des photographies d'autres membres de cette famille prisonniers en Algérie.

Le 15 août, c'est un Harki isolé qui est accosté par trois Algériens l'invitant à les suivre dans un café. Il prend la fuite et part se réfugier au commissariat où il dénonce les trois hommes qui nient les faits et sont relâchés.

Le 10 septembre, deux Harkis arrivant de Marseille à la gare de Clermont-Ferrand sont contrôlés par le FLN. On retrouvera l'un des deux égorgé tandis que l'autre parvient à rejoindre Bourg-Lastic.

Voilà un camp et une population bien perturbants pour la tranquille Auvergne, d'autant que les Harkis, installés sous des tentes dans des conditions sommaires, souffrent de la fraîcheur des nuits : onze jeunes enfants vont mourir de broncho-pneumonie.

On décide donc, le 25 septembre, de fermer le camp, et d'envoyer ses habitants à Rivesaltes pour la plupart et on oubliera ce funeste épisode, jusqu'au décret du président de la République du 31 mars 2003 qui institue, chaque 25 septembre, une journée d'hommage aux Harkis. 40 ans après, le temps était enfin venu d'évoquer le sort des 5.000 Harkis de Bourg-Lastic.

Cérémonie aux morts de la guerre Algérie, dépôt gerbe par Olivier Bianchi, à Clermont. Photo R Brunel

Le 25 septembre 2004, le cimetière perdu au fond des bois où reposent les onze enfants a été réhabilité et une plaque a été déposée "en souvenir des Harkis et leurs familles qui ont été accueillis à Bourg-Lastic, fuyant les massacres après le cessez-le-feu en Algérie. En hommage à ces hommes qui ont bien servi la France". Depuis, c'est le 92e RI qui entretient ces tombes, et organise, chaque 25 septembre, une cérémonie d'hommage.

Arnaud Vernet

25/08/2019

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