26 Octobre 2019
- Mis à jour, le 27 Octobre 2019 à 16 h 00 ' -
Léila (gauche) et Aouda (droite, cheveux tirés)
Deux petites-filles de harkis militent en souvenir de leur héritage familial.
Des démarches, des hommages, comme la journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives commémorée le 25 septembre, ravivent les plaies toujours à vif d’Aouda et de Leïla, deux Beaucairoises de 49 et 58 ans, petites-filles de harkis.
Leur héritage familial renferme les souvenirs de leurs grands-parents, de leur arrivée en métropole à l’indépendance de l’Algérie vers 1962. Elles partagent avec les autres descendants de harkis la certitude que ces souffrances sont pratiquement occultées dans la mémoire historique alors qu’elles voudraient les voir intégrées aux événements étudiés et débattus à travers l’éducation et la culture.
Aouda se rappelle sa mère, son image d’une France propre, puis l’installation familiale dans un camp réservé aux Français musulmans d’Algérie. Tous n’ont pas choisi l’exil, parfois subi sous la menace, mais tous, avant le signe salvateur de la Croix-Rouge à l’arrivée, craignent le pire.
Dans les guitounes des camps de transit, c’est "la discipline, le pouvoir hiérarchisé, la promiscuité, l’insalubrité, la précarité sanitaire, sociale et économique. De nombreux enfants sont déscolarisés, les familles souvent séparées". Leïla évoque les recherches effectuées pour retrouver les quelques sépultures identifiables des occupants des camps décédés de malnutrition et d’épidémies, fréquentes vu les conditions propices à leur propagation.
Avec de nombreux chercheurs, elles constatent que le rapatriement des combattants algériens n’a pas été anticipé par la France, qui les a alors accueillis dans des conditions temporaires.
Les difficultés d’une survie aléatoire s’ajoutent à l’humiliation larvée figurée par l’image de trahison attachée à leur communauté. Aouda et Leïla déplorent le silence qui entoure ces événements, gomme ces souffrances et porte ombrage aux descendants de cette génération. Même si la communauté harkie se fond peu à peu dans le métissage, elles veulent, par leur témoignage et celui de tous ceux qui partagent le même héritage, déclencher la reconnaissance de cette souffrance humaine.
Aouda insiste, "c’est l’ignorance qui induit la méfiance et le mépris, c’est la connaissance qui pansera les plaies". La reconnaissance des épreuves subies par les combattants algériens et leurs familles contribuerait à effacer de l’inconscient collectif une image pernicieuse pour leurs descendants, et viendrait définitivement estomper leur amertume.
"C’est l’ignorance qui induit la méfiance et le mépris, c’est la connaissance qui pansera les plaies" Aouda (petite-fille de harki)
26/10/2019
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