23 Novembre 2019
- Samedi 23 Novembre 16 h 30' Article Complet -
Le film devait être présenté ce samedi à 17 h 30 à l'Utopie, en la présence de Fatima Sissani, la réalisatrice. Propos recueillis par Julien Pellicier.
Le film « Résistantes », de Fatima Sissani, devait être projeté ce samedi à 17 h 30 à l’Utopie, en la présence de la réalisatrice.
Les harkis, avec leur discours menaçant des derniers jours et mobilisés sur place, ont obtenu l’annulation de la projection du film « Résistantes », de Fatima Sissani, qui devait être présenté ce samedi à 17 h 30 à l’Utopie, en la présence de la réalisatrice.
L’œuvre évoque le parcours de femmes proches du FLN durant la Guerre d’Algérie. Vendredi, en fin de matinée, après une réunion avec la gendarmerie et des représentants de la communauté harkie, le cinéma a pris la décision de céder à la pression, par principe de précaution.
« L’Histoire encore trop douloureuse »
« Nous souhaitions donner la parole à des femmes engagées, d’hier à aujourd’hui. Mais il semble malheureusement que l’Histoire soit encore trop douloureuse pour pouvoir engager un dialogue serein. Nous n’avions pas d’autre objectif que d’ouvrir un espace de dialogue, respectant la dignité de tou.te.s, et surtout pas d’encourager des discours haineux, encore moins des actes de violence. »
André Asni, très menaçant dans nos colonnes cette semaine, s’est dit « satisfait » que le film ne soit pas projeté.
23/11/2019
Réaction de Fatima Sissani
Lot-et-Garonne. Interview avec Fatima Sissani : « Je veux plus que jamais débattre de ce film »
Fatima Sissani : « La communauté harkie, elle, ne me fait pas peur car je ne nourris aucune haine envers elle. Au contraire. » ARCHIVES "SUD OUEST"
Fatima Sissani réagit aux menaces des harkis qui pèsent sur la projection de son film « Résistantes » à Sainte-Livrade, ce samedi
Les Apéros d’Origine Contrôlée (AOC) de l’Egalité, organisés par l’Afils en Nouvelle-Aquitaine, font étape au cinéma l’Utopie de Sainte-Livrade aujourd’hui à 17 h 30 (1).
La programmation de ce documentaire donnant la parole à trois femmes ayant rejoint le FLN durant la Guerre d’Algérie a fait réagir des représentants des harkis qui se sont montrés clairement menaçants (note édition de jeudi 21 novembre). La réalisatrice, Fatima Sissani, réagit à son tour.
De quoi traite votre film, « Résistantes », qui sera diffusé samedi à l’Utopie de Sainte-Livrade ?
De la colonisation de l’Algérie par la France et de la Guerre d’Algérie à travers l’itinéraire de trois femmes : une femme d’origine française qui est fille de colon, une femme appartenant à la communauté juive et une ‘‘algéro-algérienne’’ qui ont rejoint le FLN pendant la guerre d’Algérie.
Avez-vous été surprise par l’hostilité affichée par la communauté harkie en apprenant cette projection ?
Je ne sais pas si Monsieur Asni représente toute la communauté harkie… Je suis très choquée par la violence incroyable de ses propos alors même qu’il n’a pas vu le film dans lequel, d’ailleurs, il n’est jamais question des harkis…
Ça, je ne comprends pas. C’est complètement délirant. Je ne comprends pas non plus quand il dit « Ici, chez nous, en France » car c’est aussi chez moi.
Je suis franco-algérienne depuis plus de 43 ans. Je vis en France. Je suis Française et Algérienne. Et quand bien même je ne serais qu’Algérienne, je considère que l’on peut travailler et faire les documentaires que l’on souhaite.
Que l’on en débatte ensuite me paraît naturel… S’ils veulent opérer une OPA sur la Guerre d’Algérie, ce n’est pas possible. Cet épisode fait partie de l’histoire de France.
Le traitement réservé par la France aux Harkis est par ailleurs absolument honteux. Et je ne vois pas comment on peut parler de la guerre d’Algérie sans parler du FLN qui en a été un acteur incontournable. Que ces gens regardent le film avant de tenir des propos d’une telle violence.
Au cours de votre carrière de réalisatrice, avez-vous déjà connu de telles menaces de censure ?
Jamais.
Dans quel état d’esprit viendrez-vous à Sainte-Livrade aujourd’hui ?
Je veux plus que jamais débattre de ce film. Il est hors de question que je réponde aux tentatives d’intimidations et de censure de qui que ce soit.
La seule chose qui m’inquiète est l’éventuelle présence de sbires du Front national en ces temps de racisme décomplexé.
La communauté harkie, elle, ne me fait pas peur car je ne nourris aucune haine envers elle. Au contraire, j’éprouve une très grande compassion pour ce que ces personnes ont subi.
J’espère donc qu’ils et elles viendront nombreux, nous avons une histoire en commun. Et ils et elles pourront ainsi se rendre compte que ce film n’est en aucun cas contre eux.
(1) Projection à 17 h 30 (5 euros) suivie d’un débat. Elle ne sera pas accompagnée d’invités, comme initialement prévu.
23/11/2019
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