18 Janvier 2021
Des parachutistes français en patrouille dans le massif de l'Aurès, ont arrêté une caravane et interrogent les paysans algériens, le 12 novembre 1954. AFP/Pierre Bonnin
Sujet toujours brûlant. L'historien Benjamin Stora remettra officiellement mercredi à Emmanuel Macron son rapport sur « les mémoires de la colonisation et de la guerre d'Algérie », avec des propositions pour parvenir à « une nécessaire réconciliation » franco-algérienne, près de 60 ans après la fin du conflit, a indiqué ce dimanche l'Elysée. Une annonce qui intervient en débat autour du projet du projet de loi séparatisme.
L'historien « formule dans son rapport plusieurs recommandations qui visent à parvenir à cette nécessaire réconciliation des mémoires », ajoute la présidence. Spécialiste reconnu de l'histoire contemporaine de l'Algérie, Benjamin Stora avait été chargé en juillet par Emmanuel Macron de « dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie ».
« Cette mission avait pour objectif de dresser un état des lieux précis du regard porté sur ces enjeux de part et d'autre de la Méditerranée », précise l'Elysée. Les présidents français et algérien ont désigné chacun un expert - Abdelmadjid Chikhi pour l'Algérie - afin de travailler sur ce dossier toujours brûlant, à l'approche du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (1962).
« Finir le travail historique sur la guerre d'Algérie »
« Il n'est pas question d'écrire une histoire commune de l'Algérie, mais d'envisager des actions culturelles sur des sujets précis, à déterminer, comme par exemple les archives ou la question des disparus », avait expliqué en août l'historien. Emmanuel Macron l'a chargé de ce rapport dans le cadre de ses initiatives pour tenter de « finir le travail historique sur la guerre d'Algérie » parce que, a-t-il expliqué en décembre, « nous avons des tas de mémoires de la guerre d'Algérie qui sont autant de blessures ».
Dans son discours sur la défense des principes républicains, en octobre aux Mureaux (Yvelines), il avait déclaré que le « séparatisme » islamiste était en partie « nourri » par les « traumatismes » du « passé colonial » de la France et de la guerre d'Algérie, qui « nourrit des ressentiments, des non-dits ».
« J'espère beaucoup de ce rapport Stora parce qu'il y a besoin de réconcilier les mémoires » puisque « nous avons une histoire commune, mais des mémoires qui divergent », a insisté sur France Inter/franceInfo le premier secrétaire du PS Olivier Faure. « J'aimerais qu'on puisse dire aux Françaises et aux Français : la République n'a pas été exempte de tout reproche, elle a commis des erreurs, même des fautes et voire même des crimes » mais « ça ne doit pas autoriser à dire que l'idée républicaine elle-même est condamnée », a-t-il fait valoir.
Né en 1950 à Constantine en Algérie, Benjamin Stora enseigne l’histoire du Maghreb, des guerres de décolonisation et de l’immigration maghrébine en Europe à l’Université Paris 13 et à l’Inalco (Langues Orientales). Il est notamment l’auteur des essais « La gangrène et l’oubli, la mémoire de la guerre d’Algérie », « Appelés en guerre d’Algérie » ou « Algérie, la guerre invisible ».
17/01/2021
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