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Mémoire : Hommage national aux harkis : «On espère que le Président ne nous décevra pas»

Après le « pardon » exprimé par le chef de l’Etat lundi, les anciens combattants ont assisté à la traditionnelle journée d’hommage national, ce samedi. Entre soulagement et prudence, les descendants de harkis attendent beaucoup de la loi de « reconnaissance et de réparation » annoncée par Emmanuel Macron. 

Un homme lisait un panneau dans une exposition sur les harkis, au mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). (Manuel Cohen/Aurimages)

Khadra Safrioune se souvient de la « faim et du froid » de son enfance, dans la cité de l’Oasis, à Saint-Valérien, dans l’Yonne. Fille de harki, elle est arrivée en France à l’âge de trois ans. D’abord à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), un ancien camp militaire où transitèrent des milliers de familles de rapatriés après les accords d’Evian, signés le 18 mars 1962 et mettant fin à la guerre d’Algérie.

« J ’allais à l’école à pied. Nous n’avions ni chauffage, ni vêtements chauds, se souvient pour Libération la présidente de l’association des harkis et de leurs enfants Aube-Bourgogne. Les souvenirs sont intacts, ils sont gravés. » A elle, aux autres descendants de harkis et aux anciens combattants eux-mêmes, Emmanuel Macron a officiellement demandé « pardon », lundi dernier. « Au nom de la France, je dis aux harkis et à leurs enfants, à voix haute et solennelle, que la République a alors contracté à leur égard une dette, a déclaré le chef de l’Etat, devant près de 300 invités conviés pour l’occasion à l’Elysée. Aux combattants, je veux dire notre reconnaissance. Nous n’oublierons pas. Aux combattants abandonnés, à leurs familles qui ont subi les camps, la prison, le déni, je demande pardon, nous n’oublierons pas. »

Reconnaissance et réparation

Des mots « justes », a salué ce samedi Hamid Khemache, président de l’association des harkis de Dordogne. « Le président de la République a libéré la France du poids des non-dits en demandant pardon pour l’abandon et l’exclusion des harkis », a-t-il exprimé ce samedi depuis Périgueux, comme l’a rapporté Sud-Ouest. « J’aurais aimé que mon père entende ces mots, reconnaît Khadra Safrioune. Comme lui, beaucoup ont tout abandonné, tout sacrifié, leur pays, leur famille […] La France a été injuste à leur égard. »

Ils étaient nombreux, un peu partout en France, anciens combattants et leurs descendants à assister à cette cérémonie d’hommage national particulière, une semaine après un discours du chef de l’Etat attendu et remarqué. Aux Invalides, à Paris, la ministre des Anciens combattants Geneviève Darrieussecq a ainsi rendu hommage à plusieurs d’entre eux, présents dans la cour d’honneur. « Le travail de reconnaissance et de réparation franchit une étape essentielle, elle permettra à certains de nos compatriotes de retrouver la fierté d’avoir choisi la France », a fait valoir la ministre.

« Pour la génération future »

Pour tenter de réparer ces mémoires blessées, le chef de l’Etat a annoncé un projet de loi portant sur la « reconnaissance et la réparation » à l’égard des anciens supplétifs de l’armée française, ainsi qu’à leurs enfants. D’ici « fin février », selon l’Elysée, un texte de loi sera présenté par le gouvernement. Une commission nationale chargée « d’évaluer les préjudices subis et d’entrer dans le schéma de réparation » devrait ainsi être instaurée.

Une revalorisation des pensions des anciens combattants est notamment prévue. Khadra Safrioune reste toutefois prudente : « Depuis soixante ans, il y a eu beaucoup de promesses. Des harkis sont morts sans avoir eu cette reconnaissance. On espère que le Président ne nous décevra pas. »

Depuis septembre 2018 et la reconnaissance de la responsabilité de l’armée française dans la torture et l’assassinat du militant communiste Maurice Audin, plusieurs autres gestes forts ont été accomplis, dans la lignée des recommandations du rapport de l’historien Benjamin Stora sur la « réconciliation » des mémoires entre la France et l’Algérie. « Ce travail de vérité est vital pour tourner la page, avance Khadra Safrioune. J’aurais aimé entendre cette reconnaissance avant de perdre mon père. Mais ces gestes sont importants pour cette communauté. Et surtout pour la génération future. »

25/09/2021

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