8 Octobre 2024
Elle pose son regard artistique et bienveillant sur l’arrivée de familles de harkis il y a 60 ans et des femmes qui ont travaillé dans un atelier de tapis crée pour elles, en variant les ambiances au fil des salles.
En immersion dans un salon « Algérien » avec vue sur Parlatges, où se trouvait le hameau de forestage qui employait les hommes à leur arrivée dans les années 60.
C’est le fil rouge du projet les Courageuses, retraçant au travers de récits et regards les 60 ans de l’arrivée de familles d’anciens Harkis à Lodève qui ont permis la création de l’annexe de la Savonnerie, un atelier de tapis du Mobilier National. L’exposition à découvrir actuellement au Cellier des Chanoines ne laisse personne indifférent. Le parcours propose au visiteur différentes ambiances, de salle en salle voulue par Karima Tahiri.
" Très touchée par les histoires de ces femmes"
" L’idée c’est de rendre hommage à ces femmes algériennes qui ont travaillé dans l’atelier créé pour elles au départ. Je me suis imprégnée de leurs histoires pour mettre en scène l’exposition, indique Karima Tahiri habituée à jouer avec la lumière, qui s’est prise au jeu. C’est extrêmement compliqué, sensible car il y a autant de vécus, de perceptions que de personnes. "
La trame avait déjà été travaillée, Karima a donné du sens artistique et du lien à ce qui était prévu à partir d’objets, de vidéos, des métiers à tisser, de tapis prêtés pour l’occasion par des particuliers, par le Mobilier National… et d’œuvres d’artistes contemporaines.
" Cette histoire hypertraumatique m’a personnellement touchée. Je suis d’origine Marocaine et j’y retrouve des ressemblances dans l’accueil des immigrés de manière générale, dans l’exil ", poursuit celle qui a eu un premier contact avec licières de la Savonnerie à Montpellier, lors d’une exposition aux Archives Départementales en 2019. " J’y ai vu les yeux de ma mère et de ma grand-mère qui était aussi tisseuse de tapis. "
Et quand Fadelha Benammar-Koly et Mémoires Méditerranée l’ont contacté la réponse a été rapide : " Pour elles, je fais tout ce que tu veux !". C’était il y a quelques mois, le projet n’était pas encore abouti avec très peu de moyens et de budget. " Il y a eu une grosse énergie collective. J’en suis sortie éprouvée physiquement et émotionnellement ". Mais avec beaucoup de satisfaction. " Je voulais leur offrir, à mon niveau ce cadeau-là, avec notamment une Marianne, à partir du portrait de la dernière licière. "
Karima devant sa Marianne, réalisée à partir du portrait de la dernière licière Harki ayant travaillé à l’atelier. /AM
L’œuvre se trouve au fond de la première salle qui parle d’histoire de familles parties d’Algérie pour arriver en France en passant par des camps. L’exposition, à laquelle ont participé des élèves du lycée, se poursuit par leur quotidien, la mise en avant du savoir-faire de ces femmes, de ce qu’elles ont apporté à la France et comment elles font rayonner dans le monde entier grâce à l’art du tapis.
Des œuvres d’artistes contemporaines, issues de l’immigration, questionnent sur l’avenir et l’héritage que nous laissent les Courageuses. A.M
"Le point final est la présentation d’œuvres d’artistes issues de l’immigration pour la plupart. Pour finir sur une note d’espoir, évoquer l’héritage d’une histoire douloureuse encore aujourd’hui." conclu l’artiste.
Les Courageuses, au Cellier des Chanoines, boulevard Gambetta jusqu’au 8 octobre, du mardi au dimanche.
06/10/2024
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