16 Avril 2025
De nouveaux ossements ont été découverts dans quatre caisses, au sein du cimetière communal Saint-Saturnin de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales. Les familles de Harkis, qui recherchent depuis des années les dépouilles de leurs proches décédés au camp de Rivesaltes, espèrent enfin pouvoir faire leur deuil.
Entre 1962 et 1964, de nombreux enfants de réfugiés Harkis sont morts dans le camp de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales. Leurs familles cherchent toujours les corps. • © FTV
Plus de 20 000 Harkis avaient été internés au camp de Rivesaltes, près de Perpignan, entre 1962 et 1965, après la fin de la guerre d'Algérie. Durant cette période, au moins146 personnes y sont mortes de froid et de malnutrition, dont une majorité d'enfants âgés de moins de deux ans.
Ce fut le cas du frère jumeau de Ali Amrane, tous deux nés en novembre 1962 dans le camp "Joffre". Malades, les deux nouveau-nés sont placés en couveuse à l’hôpital de Perpignan, où leur père leur rend visite chaque jour.
Mais deux mois plus tard, en janvier 1963, le frère d'Ali Amrane succombe. “ Mon père ne nous a jamais dit où il avait été inhumé, comme beaucoup d'autres enfants qui sont morts dans le camp de Rivesaltes " expliquait ce descendant de Harkis à notre équipe de France 3 Pays Catalan en février 2025.
Quatre caisses découvertes dans un ossuaire
Enterrés dans le camp, les corps sont restés introuvables jusqu'en novembre dernier, quand la préfecture des Pyrénées-Orientales a annoncé avoir enfin localisé un cimetière. L’espoir fut immense pour les familles, mais de courte durée, car les 60 sépultures retrouvées par des archéologues étaient vides.
Nouvel épisode dans cette funeste affaire : ce jeudi 10 avril 2025, le ministère des Armées a alerté les représentants des différentes associations de familles de Harkis : des ossements humains ont été découverts dans quatre caisses entreposées dans un caveau scellé, au sein du cimetière municipal Saint-Saturnin de Rivesaltes.
" J'avais déjà repéré cet ossuaire sur place en février dernier. C’est une dalle en béton " affirme Ali Amrane, joint par téléphone, ce 15 avril 2025.
Ces ossements doivent maintenant être envoyés dans un laboratoire de Marseille afin de déterminer leur âge au Carbone 14. Les résultats sont attendus en mai.
S’il s'agit bien d'enfants harkis, il faudra ensuite procéder à des tests ADN pour les identifier.
Déterminer les responsabilités
En février dernier, lors d’une visite de Patricia Mirallès, ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattants, le maire de Rivesaltes avait révélé que ces sépultures d'enfants avaient été discrètement exhumées et transférées en 1986 au cimetière Saint-Saturnin.
André Bascou avait présenté ses excuses aux familles sous le choc, partagées entre soulagement, colère et incompréhension.
Reste encore beaucoup de questions sans réponses, notamment sur le rôle de la mairie de Rivesaltes : pourquoi avoir déplacé les ossements dans les années 85 ? Sur ordre de qui ? Le conseil municipal de l'époque avait-il été consulté ? Plusieurs familles de Harkis envisagent aujourd’hui de porter plainte contre X pour en savoir plus.
" Ce traitement indigne des corps des enfants illustre encore une fois ", selon Ali Amrane, " le mépris avec lequel les Harkis ont été traités par les autorités françaises après la fin de la guerre d'Algérie. "
Quant à Patricia Mirallès, la ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattants doit revenir pour un colloque déjà prévu de longue date au Mémorial de Rivesaltes, le 28 avril prochain. Les archéologues devraient à cette occasion donner leur rapport définitif sur les fouilles dans le camp et le cimetière.
Un temps de rencontre est également prévu avec les familles de Harkis pour faire le point sur les derniers rebondissements de cette affaire.
15/04/2025
https://www.harkisdordogne.com/
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