30 Avril 2025
Les 18 et 19 avril 2025 une rencontre honneur aux mamans, mamies s'est tenue à Épinal (88) dans la salle de quartier Madeleine Caserne Schneider. Cet événement a été organisé par Ajir Grand Est et L’Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins, suite au séminaire d'Ajir France de juin 2024, avec la présence de Mme Zekira Messaoudi de l'association UNVEHAC d'Épinal.
Nous adressons nos sincères remerciements à Fatum Laour, ainsi qu'aux mamans et aux mamies, et leur exprimons notre profonde gratitude pour l'accueil chaleureux qu'elles nous ont offert. Webmaster HD
Témoignage 3 de 6
- Extrait -
Témoignage de madame B Mesaouda
Je suis madame B… M…,je suis née en 1954 à Aïn Kerma, je suis mariée et j’ai eu 12 enfants. Mon mari était appelé du contingent, il est allé dans le Sahara. Il s’est ensuite engagé car ses parents ont été assassiné par le FLN.
En septembre 1959, mon père est rentré dans les Harkis pour ne pas être assassiné, nous vivions dans un camp cloitré. Nous étions 4 enfants.
Nous avons quitté l’Algérie dans des camions de l’armée. De Bone à Marseille., nous étions dans la soute d’un bateau comme du bétail soumis à la promiscuité. C’était pour nous un cauchemar. De Marseille, en train jusqu’à Nancy, puis en camion à Epinal dans une caserne où nous étions à plusieurs familles par chambrée. Toutes les commodités étaient à l’extérieur. Aucune intimité. J’allais à l’école pieds nus.
Ce sont les militaires qui nous nourrissaient, puis nous avons eu des fourneaux à charbon.
De 1963 à 1964, nous avons été logés dans des préfabriqués, la situation s’est améliorée, mais nous avons du tout acheter. Ces logements étaient fournis avec le minimum de mobilier, pas de sommier, pas de matelas.
En 1964, papa a acheté une maison, c’était une étable en fait. Nous étions 7 familles. Nous étions bien, mais il y avait le minimum de confort. Nous avons souffert du froid.
J’ai eu 7 filles et 5 garçons. Ils s’en sont bien sortis. Je leur ai donné les 2 cultures et aussi la langue.
Le plus dur à notre arrivée… nous n’avons pas été accepté, soutenus. Nous avions l’impression de déranger. Nos parents ont souffert plus que nous. Ils ne parlaient pas le Français.
Les rapports étaient tendus à l’école pour nous, cela s’est amélioré après, à l’usine.
Mon mari lui, a quitté l’armée à 50 ans. Il était mal tous les ans, il avait des crises, il n’était pas bien. Mais, nous sommes restés soudés, nous avons gardé le moral.
Aux jeunes, je leur dirai de travailler pour s’en sortir. Moi, à 14 ans, je faisais tout.
Je suis retournée 2 fois chez moi à Ain Kerma. Une fois avec un oncle, c’était très émouvant. Je ne me sentais pas chez moi, j’étais contente de retrouver une partie de ma famille. La 2ème fois, avec mon mari, il a pleuré et moi aussi. Je suis allé me recueillir sur la tombe de mes grands-parents.
J’ai vécu beaucoup de choses tant en Algérie qu’en France.
Je ne suis pas rancunière, je pardonne des deux côtés.
J’aimerai bien que l’état s’occupe de la 2ème génération d’enfants de harkis.
Tout ces témoignages sont recueillis par R.G , vidéos HD de
- L’Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins
- 7- Vidéo de 10'16"
- 8- Vidéo de 11'50"
https://www.harkisdordogne.com/
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