28 Février 2012
Hafida Bouchareb, fille de harki, est une femme en colère./ Photo J-M Lamboley
Hafida Bouchareb est née en même temps que son pays natal, l'Algérie. Elle a choisi de raconter son histoire.
Fille de harki, Hafida est arrivée en France avec sa famille en 1962, dans l'espoir d'une vie meilleure. «En Algérie, mes parents étaient agriculteurs. La guerre a tout bouleversé : ils ont perdu leurs familles, leurs terres, leur jeunesse. Ils croyaient qu'en venant en France, ils pourraient reprendre une vie normale, malgré l'expérience traumatique qu'ils avaient vécue.»
La réalité a été bien différente: Hafida se souvient des conditions de vie en France: «Nous avons été accueillis dans des camps, à Rivesaltes puis à Brusque dans l'Aveyron. Les conditions d'hygiène y étaient déplorables. Les anciens soldats sombraient dans l'alcoolisme. Mais je crois que de toutes les personnes touchées par la guerre, ce sont nos mères qui ont le plus souffert.»
L'exposition à Mazamet le 17 février dernier a fait surgir des souvenirs douloureux, tout en étant une victoire selon Hafida, parce qu'elle a représenté les détails d'une histoire trop souvent oubliée. Mais Hafida reste en colère, de voir que la réussite de Jeannette Bougrab fait figure d'exception: «Mes parents ont combattu pour la France. Ils ont eu une vie éprouvante. Nous-mêmes, qui sommes français, avons connu le drame de l'exclusion. Nous étions des fils de traitres à l'école et aujourd'hui, trouver du travail est une épreuve de tous les jours. Malgré les dispositifs mis en place, rien n'a vraiment changé. Vivre est un combat. C'est pourquoi j'ai voulu m'exprimer au nom de tous ceux qui se taisent et souffrent en silence. Je veux que les choses changent.»
Publié le 24/02/2012 | (La Dépêche du Midi)| JULIE THOIN-BOUSQUIE
l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins , et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux