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Arles : 50 ans après, les harkis restent les oubliés de l'Histoire.

Publié le samedi 19 mai 2012 " La Provence"

Des voix se sont élevées à l'occasion de la commémoration de l'arrivée du Bachaga à Mas Thibert.

C'était une cérémonie du souvenir. Simple, émouvante, digne. Un devoir de mémoire pour la communauté harki qui commémorait, hier matin, sur l'emplacement même de ce qui était la cité du Mazet, l'arrivée du Bachaga Saïd Boualam et 1 100 de ses compagnons. Il y avait là des élus bien sûr, de tous bords, à l'image du président de Région et député Michel Vauzelle, et Roland Chassain, maire des Saintes-Maries et candidat aux législatives, des conseillers régionaux et généraux, des conseillers municipaux de la majorité et d'opposition, des anciens combattants, des habitants du village, et surtout des enfants, symboles d'avenir.

Lahcène Boualam, fils du Bachaga a sobrement rappelé en préambule ce devoir de mémoire, citant son père répondant à un journaliste, "je ne suis ni de droite, ni de gauche, ni d'aucun parti. Mais je ne suis pas pour autant un homme seul".

Puis une voix s'est fait entendre. Celle de Tahar Abbas "Le 18 mai c'est aussi un rendez-vous avec l'Histoire, une Histoire souvent déformée... oubliant la souffrance de ces hommes et de ces femmes qui ont défendu la liberté et surtout la présence de la France en Algérie".L'hommage rendu en présence des petits enfants du Bachaga.

L'hommage rendu en présence des petits enfants du Bachaga. Photo Edouard Coulot

Les Harkis qui, 50 ans plus tard, ont le sentiment d'être les oubliés de l'Histoire, d'un pays qu'ils ont servi, souvent au sacrifice de leur vie. "Ils sont arrivés dans une métropole qui ne les attendait pas. Le gouvernement de l'époque avait refusé leur installation par décret. C'est le Bachaga qui a fait retirer ce décret ." Celui qui était premier vice-président de l'Assemblée nationale "est resté fidèle aux siens, à ses amis et à sa patrie.".

Un demi-siècle plus tard la communauté attend toujours la reconnaissance de son engagement. Le président Chirac avait bien dénoncé leur tragédie. Mais sans plus. Nicolas Sarkozy avait fait des promesses, non tenues. "On a besoin d'une loi, le nouveau président s'y est engagé lors de la campagne. Espérons qu'il tiendra ses promesses" ajoute encore Tahar Abbas.

Michel Vauzelle qui n'en doute pas prône "un travail de mémoire qui doit être établi ou rétabli au niveau des programmes scolaires". Cette reconnaissance passe par une loi, mais aussi par les manuels scolaires qui jusqu'à présent font peu de cas de l'engagement des harkis. Une blessure de plus.

Pourquoi tant d'années, pourquoi tant de temps pour parler de cette histoire qui est aussi celle de la France et de la République ? "Que voulez-vous, la guerre d'Algérie a très longtemps été qualifiée d'événement" répond Mohamed Rafaï. "Il y a eu des blocages", ajoute Tahar Abbas.

"Ce n'est pas tant pour les jeunes, même si c'est très important. C'est pour les anciens qui ont vécu cette histoire. Il y en a malheureusement de moins en moins", soutient en aparté Tahar Abbas. Des anciens qui ont maintes et maintes fois entendu cette plainte.

Pour soutenir ce devoir de mémoire, la communauté travaille à la création d'une sorte de mémorial où serait conservée toute la mémoire de la tragédie des Harkis sur Mas Thibert même. Sage précaution, les hommes sont si oublieux de leur passé...

Jean-Luc Parpaleix   

l'Association Départementale Harkis Dordogne Veuves et Orphelins , et le site http://www.harkisdordogne.com/ Périgueux

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