17 Juillet 2019
- Ils ont écrit une lettre ouverte au Président -
Hier, à l'occasion de la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux Justes de France. Les Harkis de Saint-Maurice l'Ardoise ont demandé une journée en mémoire des leurs massacrés par le FLN après l'abandon par la France, et des "Justes d'Algérie". Photo Cyril Hiély
Si tout s'est passé comme le souhaitait Hacène Arfi, le président de la Coordination Harka, association qui regroupe les familles de Harkis passées, entre 1962 et 1976, par le camp de Saint-Maurice l'Ardoise, hier, ou au plus tard ce matin, Emmanuel Macron a dû retrouver dans sa boîte aux lettres un courrier auquel il ne s'attendait pas.
Sans prévenir personne, Hacène Arfi, figure de proue gardoise depuis toujours du combat pour la reconnaissance de l'abandon des harkis, a en effet voulu faire un coup comme il en a le secret.
Hier, au pied de la stèle de Saint-Maurice, le président de la coordination, entouré de nombreux proches, comme lui fils et filles de Harkis de Saint-Maurice l'Ardoise, a déposé trois gerbes : une pour les juifs déportés après la rafle du Vel d'hiv, une pour les 150 000 harkis abandonnés et massacrés en Algérie après le départ des troupes françaises en 1962, et une troisième pour les "justes" de l'Algérie, qui ont permis à certains Harkis d'échapper à une mort certaine.
Une lettre ouverte
Évidemment, présenté de cette manière, ce triple hommage paraît un peu confus. C'est précisément dans la lettre, d'ailleurs ouverte, à Emmanuel Macron, que le Gardois s'en explique : "Monsieur, le président, sur l'ensemble de notre territoire, la France rend un hommage solennel en mémoire des déportés juifs, cette date anniversaire correspond à la rafle du Vel d'hiv survenue à Paris les 16 et 17 juillet 1942". "Les juifs de France ont connu des persécutions d'une violence inouïe, cette barbarie fut qualifiée de "Crime contre l'Humanité".
"En ce 16 juillet 2019", écrit encore Hacène Arfi dans le courrier qu'il a adressé au président Macron, "la Coordination Harka tient à participer à cette commémoration au camp de Saint-Maurice l'Ardoise (Gard) pour se recueillir et ne pas oublier cette terrible tragédie. Ce souvenir douloureux gravé dans la mémoire collective interpelle tout particulièrement les familles de Harkis pour qui cette tragédie et cette vision d'horreur rappellent un épisode sombre de notre propre histoire, celle qui s'est déroulée en Algérie en 1962. Les Harkis n'ont pas vécu les fours crématoires, mais leur extermination a été tout aussi violente et inhumaine. Nous avons vécu les mêmes événements, nous avons été également déportés, déracinés, exilés à jamais de notre sol natal".
On aura compris la comparaison. Tout comme la République Française a reconnu "les persécutions racistes et antisémites commises sous l'autorité de fait dite "gouvernement de l'État français", les militants de la cause harkie voudraient qu'elle reconnaisse sa responsabilité dans l'abandon des quelque 150 000 supplétifs laissés en Algérie et qui ont, eux aussi, été massacrés par le FLN.
Mais pour Hacène Arfi, la comparaison ne s'arrête pas là : "Dans ce cyclone meurtrier, comme il y eut des justes qui, au péril de leur vie et cela sans contrepartie, ont recueilli, protégé, défendu des Juifs pourchassés par les nazis, il y eut en Algérie des justes qui ont protégé, défendu ou exfiltré des Harkis au risque de leur liberté alors que le gouvernement français se rendait complice du massacre perpétré par le FLN".
Pour les membres de la Coordination Harka de Saint-Maurice l'Ardoise, comme l'on honore les justes qui ont sauvé des juifs, il conviendrait donc que l'on honore ceux qui en ont fait de même avec les harkis qui ont pu ainsi échapper à ce qu'ils n'hésitent pas à qualifier de "génocide".
17/07/2019
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