6 Mars 2018
C'est devant l'emplacement du lever des couleurs quotidien que la visite a débuté pour Dominique Ceaux./ photo DDM, F.P.
Conformément aux promesses du président Macron, Dominique Ceaux, préfet et président du groupe de travail sur les harkis, s'est rendu hier sur le site de l'ancien camp, à la rencontre des harkis et de leurs revendications.
Le groupe de travail sur les harkis, groupe présidé par Dominique Ceaux, préfet chargé d'une mission de service public, fait renaître une certaine forme d'espoir au sein de cette communauté qui souhaite, avant tout «la reconnaissance de l'État français», selon les mots de Boaza Gasmi, président du comité national de liaison des harkis.
Une soixantaine de personnes étaient présentes pour accueillir la délégation, de nombreux présidents d'associations ou encore des anonymes. «Je viens ici par solidarité avec ceux qui sont restés au camp. Je n'ai besoin de rien, j'ai ma vie, mon travail, ma famille et ma maison. Mais je viens pour aider les autres, ceux qui en ont vraiment besoin», explique un jeune sexagénaire.
La visite est lancée et Dominique Ceaux est à l'écoute de toutes et tous. Chacun y va de ses souvenirs, durs et désagréables pour la plupart. Le préfet est à l'écoute, questionne, se renseigne.
On lui montre les emplacements des anciens baraquements, l'endroit du lever des couleurs, «une obligation quotidienne», ou encore l'emplacement du disjoncteur général. «Tous les soirs, à 10 heures, toutes les lumières étaient coupées. Vous trouvez normal que l'État français ait pu traiter de la sorte des soldats qui se sont battus pour lui ?». C'est à un historique du camp que Dominique Ceaux a été confronté.
Quelques anciens de la première génération sont venus à la rencontre du préfet. Là aussi, l'écoute est attentive, avec beaucoup de compassion de la part du président du groupe de travail. Et même si certains haussent un peu la voix, «ce n'est pas contre vous, Monsieur le préfet, mais surtout pour que vous vous rendiez bien compte de ce que nous avons subi…».
Une demande de reconnaissance et de réparation
Un dernier arrêt devant la stèle en hommage aux combattants harkis, une dernière explication de Boaza Gasmi qui résume : «C'est une reconnaissance que nous souhaitons. Nous aimons le drapeau français. Nos pères se sont battus pour lui. Nous avons tout laissé là-bas. Notre pays est ici».
Un détour par le carré musulman et ses 15 tombes d'anciens harkis nouvellement restaurées, et c'était l'heure du rendez-vous dans les locaux de la sous-préfecture avec des représentants d'associations et des personnalités civiles.
«C'est la première personnalité qui a vraiment l'air d'être à notre écoute». La réponse… fin mai.
Un rapport rendu fin mai
«Tous les 15 jours, nous avons une réunion de travail», explique Dominique Ceaux. «Nous travaillons à établir un bilan de ce qui a déjà été fait, de ce qui a marché, de ce qui n'a pas fonctionné. J'entends des choses dures, mais c'est normal. C'est aussi pour cela que je tiens à me rendre sur le terrain, à la rencontre de ceux qui ont vécu cette période, qui la vivent toujours pour certains. C'est sur les principes de reconnaissance et de réparation que nous travaillons. Fin mai, nous rendons notre rapport au président de la République avec nos préconisations. Ce groupe de travail était une promesse et une volonté d'Emmanuel Macron».
Pour Olivier Damaisin, député de la 3e circonscription, «il est temps que ce dossier qui traîne depuis de trop nombreuses années soit enfin clos».
Frédéric Pascaud
06/03/2018