17 Décembre 2019
Samedi, lors du colloque de la Coordination harka, à Saint-Laurent-des-Arbres (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)
La Coordination harka organisait ce samedi soir à Saint-Laurent-des-Arbres un colloque sur ceux qu’ils présentent comme leurs « Justes », comprendre qu’ils ont sauvé des Harkis, parfois clandestinement, après le cessez-le-feu de la guerre d’Algérie.
C’est un aspect méconnu de l’histoire tourmentée des Harkis que la Coordination harka a voulu mettre en lumière dans cette commune symbolique, celle du camp de Saint-Maurice l’Ardoise, dans lequel des centaines de Harkis ont été concentrés après leur rapatriement sur le sol français. L’histoire de ces « Justes », comme la Coordination les présente, « qui ont aidé au rapatriement, accueilli ou aidé au risque de leur vie des Harkis», lance l’historienne Fatima Besnaci-Lancou.
Des personnes, notamment des militaires, qui ont contribué à sauver des vies. « Le soir même du 18 mars 1962, avant même le cessez-le-feu, on a commencé à tuer des Harkis, et les massacres ont commencé le 20 mars », rappelle l’historienne. Pendant ce temps, la France laissait ces hommes qui avaient choisi de lutter pour l’Algérie française et leurs familles « dans l’abandon », estime Fatima Besnaci-Lancou, « avec un plan de rapatriement alibi, très restrictif. »
Trois "Justes" mis à l'honneur
Dans ce contexte, certains se sont élevés pour sauver les Harkis. Trois d’entre eux étaient présents : Jacques Vogelweith, qui était à la fin de la guerre d’Algérie sous-lieutenant au 152e RIM, et qui a oeuvré pour aider les familles de Harkis du camp de Zéralda, et Hugues Robert, fils du sous-préfet d’Abkou en Algérie, Jean-Marie Robert, qui a désobéi à sa hiérarchie pour sauver des familles de Harkis en contribuant au rapatriement de 250 d’entre eux. Le troisième, Vincent Zaragoza, était à la fin de la guerre sous-lieutenant dans l’armée coloniale, et a participé à plusieurs opérations de sauvetage de Harkis entre avril et août 1963.
Des « opérations colis », comme elles étaient appelées à l’époque, que ce fils de réfugiés espagnols, passé par le camp de Rivesaltes comme nombre de Harkis après lui, a accepté « volontiers », dit-il, malgré le risque. « J’ai été contacté par un capitaine-major pour aller récupérer des familles de Harkis dans le Djebel », retrace-t-il. Il n’avait pour seule information que le lieu et l’heure du rendez-vous avec ses « colis », qu’il partait récupérer à la nuit tombée pour les ramener à Oran.
Le tout dans le plus grande clandestinité : « II était terriblement illégal de circuler sur le territoire de l’Algérie indépendante », rappelle-t-il, lui qui affirme avoir réalisé « une dizaine » de ces opérations. Des opérations qui prendront fin en août 1963 avec la mutation de son capitaine-major, son seul contact, mais il se dit « convaincu qu’à travers l’Algérie, de nombreux militaires ont fait comme (lui). » Une histoire qu’il a longtemps reléguée « dans les oubliettes », dit-il, avant de se raviser, estimant avoir « une obligation de devoir de mémoire », plus d’un demi-siècle plus tard.
Thierry ALLARD
17/12/2019
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