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Le rapport du préfet Ceaux sur les harkis, relevé de quelques erreurs, par le général Maurice Faivre

- Cela vous a peut-être échappé -

Préfet Ceaux, Saint-Maurice-l'Ardoise

Le rapport du préfet Ceaux sur les harkis relevé de quelques erreurs

Général Maurice Faivre

Cet important rapport (200 pages) a été établi par le préfet Ceaux et le Conseiller d’État Chassard, à la demande de la secrétaire d’État aux Anciens combattants.

Je suis sensible au fait qu'il reprend les effectifs historiques que j’ai publiés dans plusieurs ouvrages (1). Sans prendre parti sur les 56 propositions formulées, qui sont de nature politique, j’ai noté un certain nombre d’erreurs historiques :

p. 6. Les directives prescrivaient de laisser les armes enchaînées dans les unités supplétives et régulières. Mais cette mesure n’était pas toujours appliquée. Dans la harka de l’Oued Berd, les harkis allaient en permission avec leur fusil.

p. 9. les effectifs cités par l’historien Charles-Robert Ageron sont souvent faux. Contrairement à son affirmation, les statistiques n’étaient pas trafiquées par le 1er Bureau.

p. 12. Les statuts des différentes catégories de supplétifs sont unifiés en janvier 1959. Le décret du 6 novembre 1961 remplace le recrutement individuel et journalier par des contrats d’engagement renouvelables de 1 à 6 mois.

p. 13. Les fusils de chasse et les lebels ont été transférés des harkas aux Groupes d’autodéfense en septembre 1958. En mars, les harkas sont dotées de fusils-mitrailleur et de fusils de guerre.

Les harkis dites amalgamées ont le même armement que les unités françaises. En 1959, les commandos de chasse reçoivent des fusils automatiques.

p. 17. Challe n’a pas promis de ne pas engager les harkis contre leurs frères musulmans. Il dit l’inverse devant de Gaulle au PC de l’opération Jumelle. Mohamed Harbi, historien du FLN, estime que «les méthodes répressives et les injustice du FLN apparaissent comme les motifs principaux de l’engagement massif des harkis».

Le préfet Ceaux à Saint-Maurice-l'Ardoise (midilibre.fr, 28 avril 2018)

p. 19. Les harkis, en majorité non francophones, ont rarement été engagés dans les DOP.

p. 24. Krim Belkacem n’a pas dirigé la wilaya 3 qui n’existait pas avant le Congrès de la Soummam. Le premier chef a été Mohamedi Said, suivi de Yazourene, d’Amirouche et Mohand Ou el Hadj.

p. 25. Le général Fourquet n’était pas opposé aux mesures de recherche des harkis. En revanche le général de Gaulle a recommandé d’en finir avec les auxiliaires, ce magma qui n’a servi à rien (Comité des Affaires algériennes le 3 avril 1962)

p. 26. Les conclusions de la Commission Massenet ont été refusées par le gouvernement (Joxe) le 19 avril 1962.

p. 29. Tous les camps de transit n’ont pas été créés en juin 1962. Larzac est créé le 26 mai, Bourg-Lastic le 19 juin, Rivesaltes et St Maurice en septembre 1962, Bias en janvier 1963.

p. 36. Les moniteurs des camps de transit et hameaux forestiers n’étaitent pas hostiles à la population des camps. La plupart étaient d’un grand dévouement. Voir thèses de Anne Einis, Hamoumou et J. Servier, rapports Leveau-Meliani, Rossignol, Yvan Duran, témoignages des EMSI, Denise Bourgois, André Wormser, Père Merlet.

p. 39. Les centres de transit n’étaient ni des prisons ni des camps Med. Le confort était sans doute insuffisant, mais la formation professionnelle, ménagère et scolaire était pratiquée, y compris à Bias (voir photos).

p. 44. L’accès à la propriété a été favorisée par les préfets et les assistantes sociales.

p. 45. La population rapatriée de 1ère génération comptait 66.000 personnes, dont 21.000 hommes.

Rivesaltes, photo : Général Maurice Faivre

Maurice Faivre, Bias

(1) - Il ignore cependant les précisions apportées par Les archives inédites de la politique algérienne, 1958-1962 (Maurice Faivre, L'Harmattan, 2000), L’action sociale de l’armée en faveur des musulmans (Maurice Faivre, L'Harmattan, 2007), La croix Rouge en guerre d’Algérie (Maurice Faivre, Lavauzelle, 2007), les articles de Hamoumou et de Jean-Jacques Jordi sur l’intégration.

Certains historiens cités développent une idéologie antimilitariste ou anticolonialiste (Manceron, Vittori, D. Kerchouche, Boussad Azni). Charles-Robert Ageron dévalorise le combat des harkis et estime que de Gaulle a tout fait pour les rapatrier.

Cliquez sur le rapport

Rapport harkis, préfet Ceaux, juillet 2018

Voici un extrait de l’histoire des harkis (Maurice Faivre, 2001)

Alors que GMS et Moghaznis étaient engagés sous contrat de 6 mois, les harkis avaient jusqu'en 1961 un statut de journaliers, bien qu'ils restent en service plusieurs mois, et qu'ils soient  payés mensuellement (22.500 AF). Environ 3.000 d'entre eux étaient des rebelles ralliés.

Les harkas amalgamées avaient le même armement que les unités régulières. Quant aux autodéfenses, elles étaient armées à 50% de fusils de chasse et de 8 mm, et en principe n'étaient pas rémunérées (MAA 340, 1H 2028, 2029).

S'étant engagés davantage pour la défense de leurs familles que pour la solde, les supplétifs étaient opposés à la conception totalitaire du parti unique du FLN. Ils faisaient confiance à l'armée pour faire évoluer l'Algérie dans un sens démocratique et égalitaire. Le rappel de Challe en mars 1960 ne permet pas de mener à bien son projet de Fédération des UT et des autodéfenses, qui aurait constitué un parti français  opposé au FLN (7T 249).

Crépin, le successeur de Challe, avait promis en janvier 1961 que les harkis, considérés comme vainqueurs, auraient la première place dans l'Algérie future, et qu'ils resteraient groupés et armés pendant un an après le cessez-le-feu (1H 1096/1). Mais dès l'été 1961, le gouvernement décide d'amorcer la réduction des effectifs des harkas et des autodéfenses, et de «civiliser» les SAS, ce qui reviendrait à supprimer les maghzens, alors que Challe leur avait confié la responsabilité opérationnelle des Quartiers de pacification (1H 1304, 2027, 2028, 2556).

Extrait de "L'histoire des harkis",

revue Guerres mondiales et conflits contemporains, 2001,

n° 202-203, p. 55-63.

 

Général Maurice Faivre

08/10/2018

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Z
Bonjour à tous, <br /> Tout cela démontre bien la mascarade des politiciens de l'époque et d'aujourd'hui !!! <br /> Rajoutez la complicité de quelques militaires de hauts rangs à la botte de Gaulle et son fameux"magma... "<br /> Une poignée de pseudos historiens, journalistes politisés ainsi vous aurez le résultat de notre miserable histoire, rédigée par les vainqueurs et les assassins.. .<br /> J'accuse! !!! <br /> Bien à vous mes chers compatriotes d'infortune, vive l'humilité et la fidélité de nos pairs! !!!
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R
Vous écrivez que "les centres de transit n’étaient ni des prisons ... que la formation professionnelle et scolaire était pratiquée, y compris à Bias". Il ne manquait plus qu'à préciser que les enfants des camps ont fait de grandes écoles ... Une méconnaissance de la réalité de ces lieux d'enfermement et de relégation.
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B
Bonjour,<br /> En ce qui concerne la période de la guerre d’Algérie, jusqu’à l’arrivée des harkis dans les divers camps de transit, je suis globalement d’accord avec vous. Par exemple les G.A.D. n’était pas des harkis au sens strict du terme, c’était des civils à qui on donnait un fusil le soir pour se défendre du F.L.N. et que l’on reprenait le lendemain.<br /> Merci pour votre précision concernant la chronologie des camp de transit : Camp du Larzac (26 mai 1962) et il ferme en septembre 1962, j’y étais, , Bourg-Lastic 19 juin, ensuite Rivesaltes et St Maurice Lardoise en septembre et enfin Bias en janvier1963. Beaucoup de personnes ignorent ou ne respectent pas les dates.<br /> La plupart des chefs de camps et des monitrices étaient dévouées aux harkis et nous les remercions.<br /> Malheureusement, d’autres étaient incompétents et avaient parfois recours aux gendarmes pour des conflits mineurs par exemple.<br /> Les sources que vous citez proviennent parfois de gens qui étaient en position hiérarchique, qui n’ont pas vécu suffisamment longtemps dans les camps, ou dont les travaux étaient financés par divers organismes. Les résultats de ces travaux ne vont pas forcément coïncider avec ceux de chercheurs d’autres horizons ou avec ceux qui y ont résidé. Et d’autre part, les textes n’ont pas toujours été appliqués partout de la même manière.<br /> Les familles qui ont réellement vécues dans les camps et les hameaux de forestage, et pendant un temps suffisamment long ont une autre perception de la réalité dans ces lieux d’exclusion. <br /> Encore une une fois, je vous remercie pour votre perspicacité et vous prie de croire à toute ma considération.<br /> KD Bouneb
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B
Bonjour,<br /> Je suis d'accord avec vous sur vos remarques durant la guerre d'Algérie, jusqu'à l'arrivée en France des Harkis. Les GAD n'étaient pas des harkis au sens strict du terme, mais des civils à qui on donnait un fusil de chasse le soir, qu'ils devaient rendre le lendemain...<br /> Je suis également d'accord sur la chronologie des différents camps de transit : Le camp du Larzac 26 mai 1962, il ferme en septembre 1962, ensuite Bourg Lastic, Rivesaltes, Saint Maurice et Bias…<br /> En revanche, concernant le VECU dans les camps de transit et les hameaux de forestage, il faut tenir compte de l'avis des familles et de leurs enfants (écart entre textes administratifs, leur application et la vie réelle). Il faut nuancer, certains chefs de camps et certaines monitrices ont été à la hauteur, et il faut les remercier. Mais ça n'est pas le cas de tout le monde, certains étaient incompétents.<br /> La plupart des auteurs que vous citez n'ont pas habité dans ces camps, parfois ils étaient en position hiérarchique (Mme Einis) par rapport aux chefs de camps. Dans d'autres cas, leurs travaux ont été financés. Les conclusions ne sont pas forcément les mêmes avec des chercheurs indépendants aussi bien sur le plan financier que sur le plan idéologique…<br /> Je vous prie de croire à toute ma considération.<br /> KD Bouneb
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R
M.Faivre se manifeste plus d'un an après la publication du rapport Ceaux aux médiocres mesures. Pour le moins c'est bien tardif. Notre gènéral tout en faisant la promotion de ses livres formule des critiques sur le plan historique. Il s'oppose a Ageron qui fait pourtant autorité en tant qu'historien de l'Algérie. D'autre part, il affirme de manière inexacte que Krim Belkacem signataire des accords d'Evian "n'a pas été dirigeant de la wilaya 3". Or il l'a bien été de 1954 à 1955 avant de passer la main a son adjoint Mohammedi Saïd de 1956 â 1957 relayé ensuite par Amirouche et c'est effectivement Akli Mohand Oulhaj qui le sera en 1962 au moment des massacres de 1962. Sans reprendre tous les points que le général Faivre soulève on ne peut qu'être surpris qu'il prenne comme référence M.Harbi qu'il présente comme un historien alors qu'il a été un des chefs du FLN. Que ce dernier ait fui en France comme bcp d'autres membres du FLN et qu'il soit même devenu enseignant d'université grace a l'appui de ses amis marxistes, ça n'enlève rien a sa responsabilité dans le massacre des Harkis qui ont eu lieu alors qu'il exerçait au sein du pouvoir algérien en tant que conseiller de Ben Bella le 1er président de la République Algérienne. Même aussi s'il est vrai qu'il a évolué sur la question des Harkis dans ses échanges avec Mme Besnaci et qu'il a publié des articles sur ce sujet. Par contre, il n'a jamais reconnu ses responsabilités ni demandé pardon préférant se dissimuler derrière le qualificatif "d'historien". De méme qu'on aimerait entendre M.Faivre, dont on dit qu'il a sauvé des Harkis, dénoncer plus vigoureusement le gouvernement du général De Gaulle à l'origine de l'abandon des Harkis désarmés mais aussi du retrait de leur nationalité française, l'opposition à leur rapatriement en métropole, l'interdiction de les accueillir dans les casernes, leur massacre sous la responsabilité du nouveau pouvoir algérien en violation des Accords d'Evian, l'assassinat des civils pieds noirs, ..etc. Autant de crimes jamais jugés. Pire, les chefs FLN circulent en France depuis 1962 sans être inquiétés. Encore aujourd'hui ils aiment venir y vivre et s'y soigner en familles et ils ont acquis des biens surtout à Paris possédant des comptes bancaires fournis d'argent détourné.<br /> Pauvre France, pauvres Pieds Noirs et pauvres Harkis.
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D
Mon général,<br /> Je vous remercie de relever ces nombreuses erreurs qui viennent en sus de l'humiliation faite aux Harkis, par le contenu de ce rapport, loin d'être à la hauteur d'une vraie reconnaissance de la plus grande trahison de l'histoire, qui est le désarmement et l'abandon de ces soldats Français aux mains de l'ennemi FLN.
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