28 Septembre 2019
- Mise à jour 28 Septembre 2019 à 19 h 20 ' -
« Il m’a logé dans la * soue »
Hier aux Allées de Tourny à Périgueux était commémorée la Journée nationale d’hommage aux Harkis et autres forces supplétives. En présence de l’Etat et des corps constitués, et d’une petite assistance, les Harkis de Dordogne et leurs amis ont rendu hommage à leurs camarades et à leur histoire.
La cérémonie fut digne, les paroles de la secrétaire d’Etat auprès du ministre des Anciens combattants, Geneviève Darrieusecq, lues par le secrétaire général de la préfecture Martin Lesage, étaient justes, pourtant, il manquait un petit quelque chose.
Ce qui manquait, c’était la sincérité. Le drame des Harkis aura attendu près d’un demi-siècle avant d’entrer de plain-pied dans une reconnaissance timide, à la marge, mais qui ne prend pas en compte le véritable traumatisme vécu par cette population au moment de la guerre d’Algérie, à la fin de celle-ci, et lors de son arrivée, pour ceux qui y sont parvenus, sur le sol de ce qui était pour eux la Métropole, la Mère-Patrie.
Ce traumatise, ils en conservent les séquelles, qui se transmettent comme une maladie héréditaire aux générations suivantes, qui vivent la même exclusion, le même manque de reconnaissance que leurs aînés alors qu’ils n’ont jamais connu d’autre sol que celui de l’Hexagone, d’autres écoles que l’école Républicaine, d’autre culture que celle des Gaulois.
M. Handini est né en décembre 1929. Il était militaire en 1962, et se souvient : « Nous étions 35 Harkis dans la section, à la caserne. Le jour de l’embarquement, j’y suis allé avec ma femme et ma fille, et nous avons pu monter sur le bateau. Nous n’étions que quatre, sur les 35 de la caserne. Deux autres ont pu nous rejoindre ensuite ». Les 29 autres ont été abandonnés à leur sort... Arrivé à Marseille, M. Handini a été envoyé en Corrèze, dans une ferme tenue par un ancien colonel français. « J’ai été bien reçu ! » ironise-t-il.
« Il m’a logé dans la soue à cochon, qui était vide, et quand je lui ai demandé pourquoi il m’avait mis là, et non dans l’habitation, il m’a répondu : la cabane à cochon est mieux que ton gourbi en Algérie ».
Il y est resté deux ans avant de partir pour le Lot-et-Garonne, et d’atterrir enfin à Terrasson, où il vit toujours.
Quand on lui demande ce qu’il pense de l’action des différents gouvernement vis-à-vis des Harkis, il répond : « Nous avons travaillé, gagné notre vie, eu nos enfants, des amis... La politique, on s’en fiche ». Si lui est resté dans ce choix du silence et de la discrétion, de plus en plus de nos compatriotes de la communauté Harkis ne veulent plus se taire.
C’est le cas du président de l’association périgourdine, Hamid Khemache, qui soulignait l’absence criante des parlementaires, tous LREM, faut-il le rappeler : « Je déplore qu’aucun député, ni un représentant, ne soit présent. Peut-être que la gerbe coûte trop cher ! S’ils veulent, l’an prochain, nous en achèterons une pour eux ».
Ses griefs ne s’arrêtent pas là. « Notre président de la République a récemment décidé de réunir les historiens afin de consulter les archives concernant le génocide d’une partie de la population au Rwanda » indique-t-il. « Je demande qu’il fasse de même pour les 150 000 Harkis abandonnés sur la terre d’Algérie, et qui ont été massacrés ». Il aimerait aussi que l’Etat se penche, « sur les conditions d’accueil réservées à ceux qui ont pu regagner la Métropole. Un proverbe dit : il vaut mieux balayer devant sa porte avant d’aller le faire devant celle des autres ».
La colère légitime des Harkis est portée par ceux qui sont arrivés enfants, ou qui sont nés en France. Leurs parents, considérés comme traîtres par les Algériens, et comme des parias par les Français, ont préféré se taire, se rendre invisibles, et subir des conditions indignes de la part du pays dont ils se sentaient profondément faire partie, mais qui les a traités comme des « pièces rapportées » qui ne seront jamais vraiment acceptées comme étant « de la famille ». Leurs enfants et petits-enfants ont décidé de relever la tête, et de prendre toute leur place dans la société, en refusant de continuer à vivre dans l’ombre d’une guerre qui a mis 40 ans à être reconnue comme telle par la France.
* abri pour les porcs
25/09/2019
Pour 2019, La préfecture de la Dordogne, n'a pas jugé utile d'inscrire la journée des harkis sur leur site internet .
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