9 Mars 2021
Hacène Arfi au siège de la Coordination Harka.
Hacène Arfi, âgé aujourd'hui de 63 ans, a grandi dans le camp de Saint-Maurice-l’Ardoise jusqu’à sa fermeture.
Il a gardé le visage creusé de sa jeunesse brisée et révoltée. Hacène Arfi, 63 ans, reste un écorché vif rongé par l’une des pages les plus douloureuses de la guerre d’Algérie achevée dans un bain de sang. Celui des dizaines de milliers de Harkis, ces anciens supplétifs de l’armée française, que le gouvernement français n’a pas voulu prendre le temps de protéger alors qu’il en avait les moyens et le devoir.
Ceux à qui les autorités ont permis de rejoindre la métropole ont été dirigés dans des camps où ils sont demeurés longtemps des Français à part. "On nous a cachés, comme des témoins gênants d’une sale guerre, comme des indésirables", lance Hacène Arfi, qui, après avoir transité avec sa famille par le camp de Rivesaltes, a grandi dans le camp de Saint-Maurice-l ‘Ardoise jusqu’à sa fermeture.
"Réserve d’Indiens"
"J’ai du mal à m’abandonner au présent", reconnaît ce Gardois devenu une inlassable figure de la lutte pour la cause harkie. Les images d’un passé traumatique enfouies au plus profond de lui-même tournent en boucle. La tentative d’assassinat de son père en Algérie, rescapé d’une attaque au couteau, les scènes d’égorgement sur la route de l’exil. "Je me bats depuis 40 ans pour faire reconnaître le génocide des Harkis par la France et l’Algérie. La réconciliation entre ces deux pays ne peut se faire sans nous. En aucun cas, nous ne devons être une nouvelle fois les oubliés de l’histoire."
Le fondateur de la "Coordination Harka" à Saint-Laurent-des-Arbres veut mener à bien deux ultimes combats. "Créer un lieu de mémoire à Saint-Maurice et donner une sépulture décente aux 47 nourrissons et aux trois personnes âgées enterrés par leurs proches ou par des militaires à proximité du camp." Après des recherches acharnées, son association a identifié deux sites d’inhumations recouverts de vignes et de bois touffus, qu’il voudrait voir sanctuarisés. Ce ne seraient pas les seuls. Lui qui a aidé son père à mettre en terre un frère mort-né à Rivesaltes, sans jamais avoir pu retrouver le lieu exact, sait de quoi il parle.
Il n’a jamais pu non plus s’éloigner du camp de Saint-Maurice qu’il appelait avec ses copains "la réserve d’Indiens". Il s’y est construit l’identité qui lui fait défaut. "C’est ma deuxième terre natale."
01/03/2021
" Autre découverte "
Rappel, lire l'article du Midi libre du 30/10/2020
"Gard rhodanien: Un cimetière Harki localisé au camp militaire de Laudun l'Ardoise (30)"
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