31 Janvier 2024
( Dès le lundi 29 janvier 2024 au matin Jean-Pierre Behar avez réagi à la visite du recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz ici )
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Le camp de Rivesaltes a accueilli au cours de sa funeste histoire des populations diverses : juifs avant la déportation, familles de harkis ou encore exilés d'Espagne.
Moins de 48 heures avant sa visite prévue ce jeudi 1er février 2024 au Mémorial du Camp de Rivesaltes, le recteur de la Mosquée de Paris a finalement renoncé face à la polémique lancée par France Harkis. Il n'assistera pas à la remise du Prix Mare Nostrum à " Histoire juive de la France ".
" J’ai demandé pour sa sécurité à Monsieur le Recteur d’annuler sa venue, car il est inutile d’attiser les braises encore ardentes des ressentiments ", communiquait ce mardi 30 janvier au soir Jean-Jacques Bedu, président du Prix Mare Nostrum, la mort dans l'âme. Celui qui avait imaginé pouvoir réunir pour la cérémonie de remise du prix le recteur de la Grande mosquée de Paris, l'évêque de Perpignan-Elne et le président de la communauté juive des Pyrénées-Orientales, voit son projet s'évanouir dans la polémique.
Et elle n'est pas venue des retombées de l'actuel conflit israélo-palestinien, mais des stigmates de la guerre d'Algérie, toujours à vif, notamment dans les Pyrénées-Orientales. "Ceux qui haïssent pour des raisons historiques, finissent par haïr à tort et à travers.", commentait l'essayiste perpignanais Jean-Jacques Bedu qui, tout à sa séquence littéraire, n'a pas vu venir la réaction de France Harkis via son comité national de liaison des harkis, présidé par Mohamed Bellebou, ancien élu de la Ville de Perpignan. Ce lundi après-midi, le collectif avait vivement réagi à l'annonce de la venue de l'avocat algérien, le recteur Chems-Eddine Hafiz. Il l'avait fait en termes virulents, parlant de "mascarade", mais aussi de " profanation du devoir de mémoire ", l'intimant, puisqu'il venait au camp de Rivesaltes, à aller honorer celle des harkis qui y ont été internés... Et il avertissait de la colère qui animait son camp.
Cette rencontre, argue au contraire Jean-Jacques Bedu, " perpétue ce " devoir de mémoire " auquel nous sommes tous profondément attachés, dans ce lieu où nos prédécesseurs, qu’ils soient Républicains espagnols, tziganes, juifs français et étrangers, Harkis, réfugiés d’Asie du sud-est, catholiques, musulmans, athées ou libres penseurs, luttaient contre la barbarie." Il lance un appel à venir célébrer la mémoire de toutes les victimes " dans la concorde " ce jeudi.
30/01/2024
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