2 Août 2020
La guerre d’Algérie a pris fin en 1962 avec la signature des accords d’Evian, qui marquaient l’indépendance de l’ancienne colonie française. Pourtant, les tensions entre les deux pays étaient loin de s’achever.
En 1975, le gouvernement Giscard d’Estaing venait de prendre la décision qui allait mettre le feu aux poudres : fermer des camps de harkis. Ex-militaires pro-français lors de la guerre, les harkis sont rapatriés en France dès 1962 car menacés par le FLN (Front de Libération Nationale) de représailles à cause de leur engagement aux côtés des Français. Afin d’éviter de nouveaux bains de sang – il y en a suffisamment eu pendant les huit ans de combats – le gouvernement du général de Gaulle met en place des camps d’hébergement militaire, qui accueilleront les Harkis jusqu’en 1968.
Dans le Lot-et-Garonne, c’est le camp de Bias qui les héberge, après avoir servi pour des ressortissants français d’Indochine. Les Harkis sont en quelque sorte les oubliés de l’histoire franco-algérienne : leurs conditions de vie dans le camp ne sont pas des plus luxueuses, et ils se sentent fort peu considérés par les dirigeants français. Certaines familles prennent l’initiative de s’en aller.
La révolte grondait depuis plusieurs mois, mais elle atteint son apogée le 11 août 1975, au matin. Un groupe de Harkis conduits par Mohammed Laradji, président de la Confédération des Français musulmans rapatriés d’Algérie, se soulève et prend en otage Djelloul Belfadel, responsable de l’Amicale des Algériens. Armés de fusils de chasse et munis de cocktails molotov, ils investissent le centre administratif du camp, dont ils ne bougeront pas avant le lendemain.
500 hommes dépêchés sur place avec un hélicoptère
Désemparés et furieux à cause de leur situation, les Harkis veulent "tenter d’ouvrir le dialogue avec le gouvernement", comme reporté dans l’article du 12 août.
Ils vont commencer par négocier avec les membres du commando envoyé sur place pour désamorcer la situation. Cinq cent hommes sont dépêchés sur les lieux, ainsi que deux blindés et un hélicoptère survolant le camp. La position des preneurs d’otage est extrêmement délicate, mais ils tiendront toute la nuit.
C’est le 12 au matin que le préfet de Lot-et-Garonne entre en scène. Paul Feuilloley a œuvré en 1973 pour le relogement des familles du camp de Bias en mettant en place un calendrier. C’est un homme d’action, déterminé, impliqué. Il intervient, fermement décidé à ramener le calme. Dès lors qu’il commence à parlementer avec le groupe de harkis, la prise d’otages avance vers son dénouement. Au final, Djelloul Belfadel est libéré, et les portes du camp s’ouvrent enfin. Un changement d’administration va avoir lieu : Bias sera désormais aux mains de la ville. La violence a pu être évitée, et le sort de Bias est joué : le gouvernement prend la décision de le fermer dès 1976.
02/08/2020
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