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Benjamin Stora sur les harkis : « Il y a un très fort désir de respect »

Benjamin Stora est un historien français, spécialiste de la guerre d'Algérie. (Eric Dessons/JDD)

Benjamin Stora, historien et président du musée de l'immigration, évoque le dossier compliqué des harkis alors qu'un rapport sur le sujet a été remis à Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées.

Le sujet des harkis revient au centre du débat politique. Un rapport remis en juillet à Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, préconise le vote d'une résolution parlementaire qui reconnaîtrait le sort des harkis après la guerre d'Algérie. Parmi la cinquantaine de propositions, le rapport recommande aussi de rendre obligatoire l'enseignement de la guerre d'Algérie au collège et au lycée, aujourd'hui optionnel sauf en première générale. Interrogé par le JDD, l'historien et président du musée de l'immigration Benjamin Stora, réagit à ces propositions.

 

Les harkis ont-ils besoin d'une reconnaissance ou d'une réparation ?

Avant tout d'une reconnaissance par l'Etat et par la nation française de la tragédie qu'ils ont vécue à partir du passage à l'indépendance de l'Algérie. C'est une exigence qui est la leur depuis longtemps. Il y a un très fort désir de respect, notamment porté par les jeunes générations harkies ou issues de harkis à partir de la fin des années 1970.

Cette reconnaissance devrait passer par une résolution parlementaire, et non par une loi. Est-ce suffisant?

Vous savez, les historiens sont toujours réticents quand on parle de légiférer sur l'Histoire ou sur la mémoire. Le passage devant la loi peut figer des positions d'écriture de l'histoire. Nous nous sommes toujours méfiés, en particulier depuis les années 2000, de ce qu'on a appelé les lois mémorielles. Je crois que c'est davantage par l'éducation, par la pédagogie à travers la presse, le cinéma, la littérature que peut se diffuser et s'enraciner dans la société la conscience du sort vécu par les harkis, comme d'ailleurs par l'ensemble des groupes liés à l'histoire de la guerre d'Algérie.

 

« Un énorme travail a été accompli  dans l'Education nationale autour de la diffusion du savoir sur la guerre d'Algérie  »

 

A ce propos, l'enseignement obligatoire de l'histoire de la guerre d'Algérie au collège et au lycée est l'une des pistes préconisées par le groupe de travail. Est-ce nécessaire?
Cela fait déjà plusieurs années qu'elle est enseignée, notamment en terminale. Cette année, le sujet sur "les mémoires de la guerre d'
Algérie" est tombé au baccalauréat. Ce n'est donc pas un thème méconnu, ignoré, occulté, comme on le dit trop souvent. Un énorme travail a été accompli depuis une vingtaine d'années dans l'Education nationale autour de la diffusion du savoir sur la guerre d'Algérie, et le Conseil supérieur des programmes a déjà recommandé un enseignement très approfondi de cette page de notre histoire. Je ne sais pas s'il est nécessaire d'en imposer davantage.

 

Le débat se cristallise aussi autour de la "réparation" du préjudice subi par les harkis.


Il y a eu une désocialisation des harkis et de leurs descendants pendant près de trente ans. Il y a eu des exils, des exécutions, la perte d'une histoire et d'un pays : ce sont des choses inchiffrables.

La véritable réparation doit se faire en rapport avec la déshérence sociale qui a pesé sur deux générations.

20/08/2018

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H
pour une fois on va etre d'accord avecSTORA
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