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Des familles déboussolées par leur expropriation à Pertuis (84)

Les six habitations du Clos des Jardins ont été détruites et les habitants relogés au Clos Jasmin... sauf une famille. PH DR

Du Clos Jardins au Clos Jasmin, des Harkis appellent à plus de considération dans le cadre du déménagement de six habitations

Perdue et déracinée. Voilà les mots qui reviennent en boucle dans la bouche de Brahim Hedab lorsqu'il évoque le souvenir de sa mère, disparue le 19 octobre, soit tout juste une semaine après la destruction de sa maison.

Construite sur le bord de l'Eze, au carrefour du gué de la Dévalade, elle a été rasée, comme six autres il y a une dizaine de jours. "Vous imaginez, pour les Harkis de la première génération, le chamboulement que cela représente. Une fois de plus ils ont perdu leurs repères. Ma maman, comme une autre personne, n'arrivait pas à se faire à sa nouvelle habitation", décrit cet habitant du Clos des Jardins.

 

Des maisons sur des terrains inondables

Après avoir emménagé au mois de mars au Clos Jasmin, sur la route d'Ansouis, dans des logements neufs gérés par Mistral Habitat, ils étaient plusieurs à revenir sans cesse auprès de leur maison dont ils ont été expropriés du fait de l'inondabilité du terrain sur lequel elles se trouvaient.

 

Si ce changement était prévu de longue date, Brahim Hedab a rapidement fait remonter des malfaçons sur le logement qu'occupait sa mère au Clos Jasmin. Des affaissements du sol devant son entrée qui l'ont fait chuter, un garage non attenant au domicile alors qu'il devait être adapté aux personnes à mobilité réduite... "Cela fait moins d'un an que le lotissement a été livré. Nous faisons régulièrement le point sur ces difficultés rencontrées que nous prenons en compte dans le cadre de la garantie constructeur. Des améliorations seront bien sûr apportées dans les meilleurs délais", précise Philippe Brunet-Debaines, directeur général du bailleur Mistral Habitat. Et de rassurer : "Nous gérons près de 10 000 logements, ce sont des interventions que nous avons l'habitude de gérer".

 

Si Brahim Hedab et une proche de la famille, Soraya Messaoud, tentent de faire entendre leur voix dans ce dossier, ils souhaitent aussi faire entendre celle d'autres Harkis du Clos des Jardins. " Monsieur Berrabah a refusé de déménager. Aujourd'hui, il vit dans 20 m² avec son fils. Il passe le plus clair de son temps dehors, son épouse cuisine dehors aussi. Comment vont-ils faire avec les températures qui baissent ? On ne peut décemment les laisser dans une telle situation", s'inquiètent-ils.

 

Du côté de la municipalité, par la voix de l'élue déléguée aux affaires sociales, Katia Gerro, on explique être au courant de cette problématique. "En refusant ce logement qui s'inscrivait dans le cadre de la loi Dalo, ils doivent suivre la procédure du droit commun. Nous avons essayé de discuter avec eux, mais ils souhaitent un logement plus grand. Bien sûr que la situation est complexe et que nous sommes vigilants, mais il y a des critères à respecter".

 

De son côté, Philippe Brunet-Debaines qui dit avoir visité le logement actuellement occupé par le Pertuisien, et se dit également préoccupé par la situation, précisant toutefois qu'il n'était pas le seul décisionnaire. "Nous travaillons avec différents partenaires, comme l'État et la Ville. Nous avons dans ce cas une double problématique, celle de ce Monsieur, dont je comprends l'émotion liée à ce déménagement, mais qui dans ce cas répond d'une prise en charge par les services adaptés de la commune. Et celle de la location de la villa inoccupée qui répond à une réglementation bien précise."

 

Si l'ensemble des protagonistes s'accorde sur une volonté commune de trouver une solution, celle-ci semble en partie dépendre de la sous-préfecture d'Apt. Brahim Hedab et Soraya Messaoud  indiquaient avoir eu un entretien en ce sens, mais sans plus d'éléments à ce jour.

 

Des jardins familiaux à la place des logements ?

C'était l'une des propositions évoquées par l'adjoint aux travaux, Lucien Galland. Les terrains ne pouvant accueillir aucune construction, la Ville pourrait y installer des jardins familiaux, un parcours santé, voire une promenade au bord de l'Eze. Une nouvelle destinée pour ces parcelles que les habitants du Clos des Jardins, ne veulent voir s'établir. " Nous sommes contre la proposition des jardins familiaux. Nous le vivons comme un manque de respect ", expliquent les familles de Harkis. Une pétition circule d'ailleurs sur ce sujet. S'ils montrent leur opposition formelle à ces projets, ils restent ouverts à d'autres propositions. À la place, ces descendants de Harkis verraient plutôt un jardin public, qui pourrait s'intégrer dans un cheminement piéton et surtout permettre le déplacement - dans ce lieu de verdurede - la stèle en hommage à leurs parents. "Ce serait l'occasion d'avoir un lieu de mémoire sur la commune, que les habitants pourraient traverser également. "

La proposition a également été faite auprès de la sous-préfecture...

30/10/2018

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R
Oh, oh, y a quelqu'un ? Où sont nos medaillés et nos medaillettes ? Un lieu de mémoire vient d'être détruit pour n'y laisser aucune trace de cette histoire dérangeante des français musulmans rapatriés ? Où sont ceux qui ont l'habitude de venir sur ce site harkis Dordogne pour se pavaner avec leur photo, leur association vide, leurs déclarations premptoires et d'autres pour nous rappeler les camps et les hameaux de forestage ? Rien, walou, makache, on se cache. Certains avaient espéré malgré tout qu'au moins ces lieux de vie seraient sauvegardés notamment par le travail de la commission Ceaux mais ce préfet avait oublié de visiter ce camp lors de son périple à la rencontre des familles de harkis. En attendant, une pauvre femme de harki expulsee sans consideration de son vecu est morte de chagrin dans l'indifférence. Paix à son âme. <br /> On attend la réponse des associations et des médaillés habitant la region à proximité de Pertuis. On en connait un grand nombre car ils viennent presque tous se faire publier ici. On en a eu encore recemment. Leur rôle serait-il à ce point inutile ? Grave. Mais s'il y a encore des hommes et des femmes de bonne volonté il est encore possible de récupérer le terrain et d'en faire un lieu de mémoire, de rassemblement, de commémoration et de recueillement pour tous les disparus comme cette pauvre vielle femme de harki décédée de désespoir.
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