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Livre du week-end-Brahim Latrach raconte son enfance de harki "La tragédie des sentiments"

Livre. Brahim Latrach, habitant de Bois-Guillaume (76), revient sur un passé traumatique dans son ouvrage « La tragédie des sentiments ».

Brahim Latrach, auteur de « La tragédie des sentiments ». (Photo PN)

 «Mon psychiatre m’a dit un jour : ‘‘Vous, les enfants de harkis, vous devez écrire.’’ Ça fait trente ans que ça me trotte en tête. J’ai mis deux ans et demi à écrire ce livre. » Fils de harki, ancien combattant algérien pour l’armée française lors de la guerre d’Algérie, Brahim Latrach a été rapatrié, avec sa famille, dans le camp de Pignans (Var), où il a grandi de 1966 à 1973, avant de s’installer à Rouen quand il avait 9 ans. Son enfance, confondue dans la violence, le crime et l’alcool, est de celle que personne ne devrait jamais connaître.

Un passé douloureux dont il se libère, enfin, dans son livre La tragédie des sentiments, sorti en août 2020 aux éditions Les Trois colonnes. « J’avais toutes ces choses à faire sortir de ma tête. À la mort de mon père, en janvier 2018, beaucoup de souvenirs sont remontés... J’avais besoin de prendre du recul et de faire ce travail entre la France et l’Algérie pour l’inscrire dans le temps, raconte Brahim Latrach. Le camp réunissait 25 familles. C’était un microcosme, comme un petit village. Et moi, j’étais une éponge qui absorbait les malheurs de tous ces pauvres gens, déracinés. Les parents cherchent toujours à protéger leurs enfants physiquement. Mais moralement, c’est primordial, et ça n’a pas été fait, constate-t-il. On n’était pas mélangés à la population française. On était considérés comme des réfugiés, alors même que nos parents avaient servi la France. Ce fut une grande erreur dans la politique de De Gaulle. »

Si l’auteur y a laissé des plumes, il ne garde aucune rancune envers son pays, la France.

L’écrivain s’adresse à tous, en particulier aux Français qui subissent le racisme, un résidu culturel du colonialisme qui se meurt peu à peu. « Je ne prends pas parti. Mais anti-colonialiste, je le suis, oui. Je tiens à rappeler aux descendants d’anciens colons que la bêtise humaine ne connaît pas de limite. »

« Il est écrit avec les tripes »

Désormais, sa thérapie passe par les mots. Une larme de son lecteur, c’est tout ce qu’il demande. « On a besoin des autres pour se reconstruire. J’ai eu une période de doutes. C’est un sentiment étrange d’être seul avec soi-même et de livrer son intimité. Fallait-il vraiment passer ainsi de l’ombre à la lumière ? Si ce livre plaît, c’est parce qu’il est écrit avec les tripes. La poésie et l’amour que j’ai pour ces gens-là, qui ont peuplé mon enfance, m’a donné le don de l’écriture. Mais on ne vient pas du fond pour remonter à la surface d’un coup, c’est impossible », conclut celui dont le passé traumatique n’a altéré ni la bonté ni la modestie.

- Cliquez sur le livre pour le commander -

« La tragédie des sentiments ». Brahim Latrach,

édition des Trois colonnes, 246 pages, 22 €.

29/08/2020

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R
Tout témoignage même écrit avec les tripes sur cette tragique histoire, sur le drame des Harkis, des familles de musulmans rapatriées d'Algérie et enfermées dans des camps est très précieux. On devrait pouvoir encourager d'autres témoins qui ont vécu ces souffrances de faire l'effort de les écrire. <br /> Comme on dit : "seul l'écrit reste".
Répondre
7
Je vis dans le pays d'Algérie, et je suis parti après la migration du camp dans lequel je travaille. C'est une vraie tragédie. Je veux être témoin de l'histoire.