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« Pour nous, descendants de harkis, le 12 mai représente un jour de deuil » et liste des commémorations

* Avec en bas de page, la liste des régions qui ont commémoré l'abandon des harkis du 12 Mai 2021-

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Il y a cinquante-neuf ans, le gouvernement français décidait d’abandonner les soldats arabo-berbères qui avaient rejoint les rangs de l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Dans une tribune au « Monde », un collectif, composé de membres d’associations, de l’historienne Fatima Besnaci-Lancou et de la journaliste Dalila Kerchouche, rappelle cet épisode tragique.

Tribune. Qui se souvient encore des harkis ? Peu de films leur sont consacrés, et leur histoire est absente des manuels scolaires. Nombre d’entre eux, très âgés, sont décédés. Avec eux, une mémoire française singulière disparaît. Lors de son entrée à l’Académie française, Simone Veil (1927-2017) déclarait au sujet des harkis : « La tragédie de ces familles entières abandonnées laisse une tache indélébile sur notre histoire contemporaine. »

Cet abandon est daté.

Le 12 mai 1962, par un simple télégramme, le gouvernement français scelle le sort de ces hommes et de leurs familles. Ce jour-là, Pierre Messmer, ministre des armées, interdit toute initiative individuelle pour le rapatriement des harkis et menace de sanctionner les militaires qui désobéiraient.

Le 16 mai, Louis Joxe, ministre d’Etat en charge des affaires algériennes, annonce à son tour le renvoi en Algérie des « supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement » (à partir du 20 mai). Il demande « d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure ».

Malgré ces intimidations et cet ultimatum, environ 43 000 personnes arrivent en France grâce au dévouement de militaires français, qui mettent en place des filières semi-clandestines, voire clandestines. Jour après jour, ils accueillent dans les casernes françaises ces hommes dont les autorités civiles ne voulaient plus. Souvent accompagnés de leurs familles, qu’il fallait également protéger des persécutions qu’elles subissaient.

Un plan de rapatriement restrictif

Comment le gouvernement en est-il arrivé à une si terrible décision ? Un an avant la signature des accords d’Evian censés, entre autres, mettre fin à la guerre et à ses violences, le sort des harkis est débattu à Paris. Les conclusions d’une étude confiée à un haut fonctionnaire d’Etat sont inflexibles. Leur rapatriement en France n’est « ni à prévoir, ni à souhaiter, encore moins à encourager… » (Chantal Morelle, « Les pouvoirs publics français et le rapatriement des harkis en 1961-1962 », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2004/3, n° 83).

Le 18 mars 1962, les accords d’Evian sont signés par des représentants des deux
parties. Le soir même, des harkis et leurs familles font l’objet de violences de la part de membres du FLN. Pour ne citer qu’un exemple, à Saint-Denis-du-Sig (région de l’Oranie), on dénombre plusieurs harkis massacrés (Les Harkis, de Fatima Besnaci-Lancou et Abderahmen Moumen, Le Cavalier Bleu, 2008).

Face aux massacres, la question du sort des harkis devient pressante. Début avril 1962, Louis Joxe demande à Robert Boulin, secrétaire d’Etat aux rapatriés, d’établir un plan de rapatriement.

Il est restrictif – au maximum cinq mille personnes. La liste précise de ces personnes doit être établie avant le scrutin d’autodétermination, le 3 juillet 1962. Elle doit aussi être accompagnée de justificatifs prouvant que la vie de ces personnes est réellement menacée. Une telle formalité exigée est étonnante lorsqu’on sait que les harkis sont pour la plupart d’entre eux analphabètes.

Persécutions et massacres

Très vite, des officiers français s’élèvent contre le plan restrictif. Malgré les interdictions de ramener des harkis en dehors du plan de rapatriement, certains militaires désobéissent. Ils continuent à accueillir les harkis et leurs familles. Certains les exfiltrent de leurs villages et les mettent à l’abri des persécutions dont ils sont victimes.

A l’instar d’autres responsables militaires, et malgré les menaces de Paris, le lieutenant François Meyer refuse d’abandonner les harkis qu’il commandait, ainsi que leurs familles. Dans une clandestinité assumée, il transfère plusieurs centaines de personnes en France. Les autorités civiles françaises sont mises devant le fait accompli. En Algérie, comme en France, des camps militaires s’ouvrent et s’organisent pour accueillir le flot humain.

Sourd aux persécutions et aux massacres de l’été 1962, le gouvernement français va plus loin et retire aux harkis leur nationalité française. L’ordonnance du 21 juillet 1962, précisant la loi n° 62-421 du 13 avril, stipule que les Français « de statut civil de droit local », dont font partie les familles de harkis, perdent la nationalité française au profit de la nationalité algérienne, sauf si elles souscrivent auprès des autorités françaises une « déclaration recognitive ». Cette souscription ne peut s’accomplir qu’en France alors que tout est mis en place pour le maintien des harkis en Algérie.

Quelques jours plus tard, le 25 juillet 1962, lors du conseil des ministres, lorsque Pierre Messmer sollicite un accord de principe en faveur du « rapatriement » des harkis et des fonctionnaires menacés, le général de Gaulle, chef de l’Etat, s’y oppose.

Lacouture, Vidal-Naquet, Allais

Il déclare avec cynisme que les harkis ne sont pas des rapatriés mais des réfugiés, car ils « ne retournent pas dans la terre de leurs pères ! Dans leur cas, il ne saurait s’agir que de réfugiés » (C’était De Gaulle, d’Alain Peyrefitte, Gallimard, 1994). Quatre jours auparavant, il avait fait d’eux des étrangers !

Des voix s’indignent. Le journaliste Jean Lacouture, l’historien Pierre Vidal-Naquet (Le Monde du 12-13 novembre 1962) et le prix Nobel d’économie Maurice Allais (Combat, du 8 décembre 1962) dénoncent les persécutions des harkis et leur abandon en Algérie. Car tous les moyens mis en place par Paris pour empêcher les harkis et leurs familles de quitter l’Algérie ont eu des conséquences tragiques pour des centaines de milliers de personnes.

Mort sociale et discrimination pour ceux restés en Algérie, massacre de dizaines de milliers de harkis, internement ou emprisonnement de milliers d’hommes dans des conditions inhumaines, tortures, humiliations. Ceux arrivés en France sont relégués dans des camps et surveillés. Au camp de Rivesaltes, « les sorties du camp ne doivent être autorisées que pour des motifs sérieux » (courrier de Georges Pompidou adressé le 8 décembre 1962 au ministre des armées – Référence d’archives CAC 19920149/1).

Cette situation aurait-elle pu être évitée ?

Rares sont les historiens qui se penchent sur la question. Dans Le Figaro du 17 juin 2000, Jean Daniel écrit : « Nous avons tous à demander pardon aux harkis. » Et le 17 septembre 2009, dans son éditorial du Nouvel Observateur, il affirme : « De Gaulle a abandonné les harkis : c’est son crime ; et le nôtre. »

Voilà pourquoi nous ne commémorons pas cette journée.

Liste des signataires : Hacène Arfi, président de la Coordination harka ; Fatima Benamara, présidente de Harkis et droits de l’homme ; Fatima Besnaci-Lancou, historienne spécialisée sur la guerre d’Algérie et ses suites ; Slimane Djera, président du Collectif des associations harkies d’Aix et du pays d’Aix-en-Provence ; Boaza Gasmi, président du Comité national de liaison des harkis (CNLH) ; Dalila Kerchouche, grand reporter, auteure et scénariste ; Ahmed Mestar, président de l’Association vendéenne d’anciens combattants et rapatriés d’Algérie (Avacra).

12/05/2021

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* Pour mémoire, la liste des commémorations du 12 mai -

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R
Vous avez dit : Commémorations , Deuil…<br /> <br /> <br /> <br /> Peu importe les mots l ‘essentiel est de se souvenir de l’acte scélérat, lâche indigne , douloureux , tragique...et de transmettre à nos enfants cette histoire. Vous avez tous raison ! Peu importe la forme , pourvu qu’on y mette le cœur, le respect...et la sincérité…et qu’on transmette pas seulement la mémoire , mais l ‘histoire.<br /> Face à l ‘indigne d’un abandon , mon père JM Robert écrivit de Sarlat le 10 janvier 63, à son ami Alexandre Parodi ,vice président du Conseil d’État , en envoyant son fameux avant-projet de rapport sur le massacre des harkis.« Je cherche dans l’histoire contemporaine un autre Etat qui ait livré 150 000 amis de leur pays…. »<br /> <br /> Extrait : « ...Je n’ai jamais cru un instant à l’intégration et à l’Algérie française, que je jugeais intellectuellement et historiquement un non sens. Je suis convaincu que malgré des succès militaires considérables , il n’y avait pas d’autre issue que l’indépendance totale. Je n’exclus pas que dans cinq ans , nous ayons avec l’Algérie des relations excellentes….. »…. «  C’est un malheur d’avoir été élevé dans l’idée que le sens moral était le plus important de tout et que l’honneur dans le sens le plus humain du terme n’était pas une notion entièrement périmée.<br /> <br /> Je cherche en vain dans l’histoire contemporaine un autre Etat qui ait ainsi, sans défaite militaire, livré 150 000 amis de leur pays à leurs ennemis mortels. Je ne puis penser sans ironie au souci que nous nous faisions pour quelques centaines de marocains qui n’étaient touchées que dans leur bien ou leur liberté.<br /> <br /> …mais surtout sachez que je ne parviens pas à l’insensibilité pour<br /> «  décrocher » de l’Algérie, dont je reçois de si nombreuses et affreuses et précises nouvelles. J’en ai perdu le sommeil. J’ai appris récemment que vous aviez accepté la présidence d’un organisme destiné à aider les musulmans réfugies en France (Comité National pour les Musulmans Français). C’est pourquoi je crois pouvoir vous parler un peu longuement à ce sujet. »<br /> <br /> Ce qui est essentiel, c ‘est de transmettre à nos enfants toutes les verités sur cette terrible guerre d’Algérie et de construire la paix et la réconciliation… et je ne peux ne pas dire et oublier ces militants FLN , comme le Sous Préfet Semahdi qui a remplacé mon père, et fut emprisonné pour avoir aidé des Harkis , ou ce Militant Pro FLN, condamné à mort par l ‘OAS , Jean Picq, qui a sauvé, de 62 à 66, des dizaines de harkis, qui voulaient rester pour reconstruire leur Algérie algérienne…<br /> Loin des chikayas, des divisions sournoises et inutiles , pensons à nos enfants , à tous nos enfants à notre histoire et à cette guerre de 132 ans … que peu de monde regardent en face , et que beaucoup préfèrent utiliser pour soi ou nourrir les divisions. Je suis fier de ce qu à fait Harki Dordogne à Périgueux , et remercions la Maire de Périgueux madame Delpine Labails et le représentant du Département de la Dordogne , Thierry Nardou , d’avoir été présent au coté des harkis. Fraternellement , Hugues Robert.
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R
Voilà une tribune qui a le mérite de faire connaître dans un important media le drame des Harkis désarmés et massacrés par les bourreaux d'un FLN sanguinaire et assassin ce que ne dit pas le rapport de M. Stora remis au président Macron. Les signataires précisent qu'ils ne commémoront pas le 12 mai 1962 en opposition avec Ajir qui a donné la liste des lieux de rassemblement. Or, la journaliste Kerchouche avait accompagné la veille M.Hamoumou à l'Elysée.
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