24 Mars 2025
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Un décret à la loi de 2022 relève les indemnités versées aux harkis ayant séjourné au camp de Bias, mais aussi à Saint-Maurice l’Ardoise (30). Elles montent de 1 000 à 4 000 euros par année passée
«C’est le combat d’une vie. Une procédure que je porte depuis quatorze ans. Justice est rendue. Je suis arrivé à bout. » Charles Tamazount est né en 1974 dans le camp de Bias (47). Ce haut fonctionnaire, qui vit désormais en région parisienne, est aussi à la tête de Harkis et Vérité. Ce comité a saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à la suite d’une décision du Conseil d’État qui, en 2018, avait condamné la France pour les conditions dans lesquelles a vécu un de ses frères entre 1964 à 1975 dans le camp du Villeneuvois.
Engagement respecté
« Cette décision a reconnu des faits graves, mais elle n’a pas fait œuvre de justice. La France a été condamnée pour traitements inhumains ou dégradants, mais, sur les réparations, les sommes étaient loin du réel », expliquait le Lot-et-Garonnais quand, il y a un an, la CEDH jugeait que « les montants accordés ne constituent pas une réparation adéquate et suffisante pour redresser les violations constatées » et accordait une indemnité minimum de 4 000 euros par année de camp.
Une indemnité fixée à 1 000 euros par la loi de février 2022 « portant reconnaissance de la Nation envers les harkis et les autres personnes rapatriées d’Algérie anciennement de statut civil de droit local et réparation des préjudices subis par ceux-ci et leurs familles du fait de l’indignité de leurs conditions d’accueil et de vie dans certaines structures sur le territoire français ».
Patricia Mirallès, la ministre des Anciens combattants, avait dans la foulée déclaré que la France se mettrait en conformité avec cette décision. C’est chose faite avec le décret qui vient d’être publié au journal officiel. « Je tiens à saluer le respect de cet engagement », commente Charles Tamazount.
Charles Tamazount est à la tête du comité Harkis et vérité. Collection personnelle
Versements
Cette indemnisation répond de manière un peu plus conséquente à ce que les harkis ont subi »
Ce texte du 20 mars 2025 passe à 4 000 euros par année commencée le montant dû à ceux qui, entre le 20 mars 1962 et le 31 décembre 1975, ont séjourné au sein des structures de Bias ou de Saint-Maurice-l’Ardoise. Cette restriction à deux camps pourrait ouvrir un nouveau débat. Mais pour Charles Tamazount, « c’est une avancée et une satisfaction. Cette indemnisation répond de manière un peu plus conséquente à ce que les harkis ont subi. La première génération et la suivante sont concernées. On considère que sur cette période, il y a eu entre 1 000 et 1 500 familles à Bias. Chacune avait en moyenne entre cinq et sept enfants. Cela touche donc entre 5 000 et 8 000 personnes en Lot-et-Garonne où, comme dans le Gard, les gens se sont révoltés contre leurs dures conditions de vie en 1975 ».
Les manifestations de 1975 au camp de Bias. Archives SO
Le texte indique également « que seront automatiquement réexaminées les demandes présentées par les personnes concernées si elles ont déjà été indemnisées avant l’entrée en vigueur du nouveau barème ». Quant aux autres, les versements des mesures de réparations devraient intervenir entre la fin de cette année et le début de la suivante. « Les dossiers prioritairement traités sont ceux de la première génération », précise le président du comité Harkis et Vérité qui a séjourné dans le camp jusqu’en 1981. Ses parents y sont entrés en 1962.
23/03/2025
https://www.harkisdordogne.com/
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